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Le propane de schiste américain coule à flot en Europe du nord

Le logiciel de suivi des mouvements de cargos cFlow de S&P Global Platts indique que 240 000 tonnes de propane ont été débarqués pour le seul mois de février sur les côtes européennes en provenance des Etats-Unis. Ce chiffre devrait n’être « que » de  176 000 tonnes en mars.

4 cargos de type VLGS ( les plus gros cargos de gaz existants) doivent arriver à Anvers en Belgique, aux Pays Bas ou en France avant la fin du mois.

L’ECO  VLGC Challenger de 54 510 tpl ( tonnes de port en lourd = charge utile)  doit arriver au Havre en provenance de Port Arthur,Texas en ce moment même, selon cFlow, après avoir été rerouté de sa destination originale Rotterdam.

Le VLFC Mont Fort de 50 591 tpl doit arriver à Anvers en provenance du Freeport, Texas mercredi prochain; un autre cargo de 53 854 tpl doit arriver à Flushing aux Pays Bas le 22 mars (ndlr : rien à voir avec Flushing Meadows…) juste avant  le BW Cedar ( 58 603 tpl) qui arrivera le 25 mars.

Le VLGC Mont Gele qui devait faire son voyage inaugural ( « maiden voyage », en anglais) de Houston jusqu’en Europe à travers l’Atlantique, a finalement été rerouté vers la Corée au début du mois.

Les VLCGs qui traversent l’Atlantique depuis la Gulf Coast jusqu’à l’Europe du nord alimentent en propane de chauffage les pays du nord de l’Europe et la moitié nord de la France, ainsi que la pétrochimie européenne qui utilise le propane comme matière première.

Les acteurs européens sur le marché de gros du propane disent qu’une offre largement suffisante pour les besoins du marché va arriver au cours du mois de mars, à laquelle pourrait se rajouter éventuellement  des cargos supplémentaire en partance de la côte Est des Etats Unis. Les acheteurs de la pétrochimie européenne ont, quant à eux  atteint (ou presque atteint)  leur pic de demande pour le moment.

Sur la cote est des Etats Unis, le pipeline Mariner East 1, qui transporte le GPL des champs de schiste de Marcellus et Utica jusqu’au terminal export d’Energie Transfer situé à Marcus Hook, Pennsylavanie, est actuellement hors service.

Les autorités ont ordonné la fermeture du pipe pour inspection le 7 mars, après que des trous béants (mini gouffre ou  « sinkholes » ) aient été trouvés à côté du pipeline et à proximité d’immeubles résidentiels dans le Conté de Chester, Pennsylavanie. Il est prévu qu’il reste fermé pendant 10 à 14 jours.

Cette fermeture affectera les cargaisons d’éthane et de propane chargeant à Marcus Hook  à destination de l’Europe. Des sources informées ont précisé qu’un cargo Markwest de 44 000 tonnes qui devait initialement charger entre le 19 et le 21 mars a été ajourné.

Sourcve : Platts 12  et 13  mars 2018

Recommandation de l’ADECOPRO : attendez le printemps avant de remplir si vous pouvez car le PLATTS va continuer de baisser en mars et avril.

MarineTraffic

 

 

 

 

 

L’absurdité française du chauffage électrique : coûteux, polluant et inefficace

Il nous arrive de reprendre les articles particulièrement documentés ou intéressants publiés sur d’autres sites. L’article qui suit, signé NOLWENN WEILER, a été publié le 22/12/2016 sur l’excellent  site de l’ « Observatoire des Multinationales ».  
On rappellera  que l’électricité est toujours produite pour elle-même  » à la demande », alors que le  propane est un déchet  obligé du  raffinage du pétrole brut  ou du retraitement du gaz naturel. Le propane est donc une « énergie de surcroît », qui, lorsqu’elle n’est pas stockée pour être consommée,  est vouée  à être brûlée en pure perte. C’est notamment ce qui arrive chaque fois qu’elle est produite en quantité excédant soit la capacité de stockage locale soit  la capacité d’acheminement sur les marchés extérieurs.  Alors qu’une réduction de la demande d’électricité a donc (ou devrait avoir en théorie) un effet direct  sur la production d’électricité,  ceci n’est jamais  le cas pour le propane : une forte réduction de la consommation de propane du fait, par exemple,  d’une politique de réduction volontaire de la consommation d’énergies non renouvelables,  n’aurait  aucune conséquence sur le niveau de production de GPL. Cette diminution de consommation  obligerait les producteurs  à mieux  utiliser les stockages existants,  ou à créer de nouvelles  capacités de stockage,  ou, in fine,  à torcher plus de gaz…..

Plus de neuf millions de logements français sont chauffés à l’électricité, soit autant que dans tout le reste de l’Europe ! Engagée pour absorber la production du parc nucléaire français, la systématisation du chauffage électrique affiche un bilan catastrophique. Radiateurs et convecteurs, peu onéreux à l’installation, s’avèrent très chers à l’usage. Les factures flambent, la précarité énergétique aussi, sans compter les tensions provoquées sur le réseau électrique et un bilan carbone déplorable. Nous sommes à un point de rupture : pour éviter les blackouts, faut-il construire de nouveaux réacteurs nucléaires ou investir massivement dans la rénovation thermique des logements ?

Absurde. Le mot revient en boucle quand on évoque le chauffage électrique avec des spécialistes de l’énergie. D’abord parce que de la production à la consommation, il est d’un rendement très médiocre : pour pouvoir consommer 1 kWh d’électricité en chauffage, il faut dépenser 3 kWh d’énergie. Les premiers kWh se perdent dès la production. Dans les réacteurs nucléaires, qui assurent près des trois quarts de la production française d’électricité, 70% de l’énergie issue de la fission de l’uranium est « gâchée » en chaleur dans les tours de refroidissement. En témoignent les énormes panaches qui s’échappent de nos centrales. D’autres kWh se perdent au fil du réseau de distribution. Si les oiseaux aiment se poser sur les fils électriques, c’est parce qu’ils sont chauds…

Quand on se chauffe au bois, au fioul ou au gaz, l’énergie ne peut se perdre en trajet puisqu’elle est produite sur place, au sein de l’immeuble ou de la maison, via une chaudière ou un poêle. On consomme directement la chaleur qui est produite, contrairement aux centrales nucléaires qui vont transformer de la chaleur en électricité qui sera ensuite retransformée en chaleur par votre radiateur. Le chauffage électrique est en plus coûteux : la facture des consommateurs qui se chauffent au gaz naturel est deux fois moindre, quand ceux qui utilisent le bois paient jusqu’à quatre fois moins cher. Reste que le bois émet davantage de pollution aux particules, ce qui pose la question de son usage intensif en zone urbaine déjà polluée par le trafic automobile.

« Le chauffage électrique est facile à installer, pour un faible investissement initial, précise Anne Lefranc, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Mais il est plus cher en coût global, si on intègre les factures d’électricité. Avec un confort qui peut-être moindre. » Pourtant, 30% de la population française se chauffe via des radiateurs électriques, soit 9,5 millions de foyers. Un record en Europe ! Jusqu’en 2013, année de la mise en place de la réglementation thermique (dite « RT 2012 »), 80% des logements neufs étaient affublés de ce que l’on appelle vulgairement des « grille-pains » [1].

Taillé sur mesure pour EDF, les promoteurs et les bailleurs

Pourquoi cette passion française pour les radiateurs électriques ? Elle est liée au programme nucléaire, lancé dans les années 1970, alors que les coûts du pétrole s’envolaient. « On avait visé d’emblée des quantités d’électricité dont on ne voyait pas du tout qui allait les consommer », se souvient André Marquet, ex-ingénieur de recherche à EDF dans le documentaire « Chauffage, le piège électrique » [2]. Les radiateurs électriques n’équipent alors que 10% des habitations. Leur part va dépasser les 45% pendant la décennie suivante ! « Il fallait créer un marché pour absorber la sur-production d’électricité, poursuit Joël Vormus, directeur adjoint du réseau pour la transition énergétique (Cler). On a donc inventé le chauffage électrique. » Pour vanter ses avantages, et vendre un maximum de kWh, EDF lance une grande campagne : avec lui, les plantes revivent, les odeurs s’évanouissent, les enfants s’enrhument moins l’hiver, tout le monde est plus heureux [3].

Le grand électricien n’est pas le seul à bénéficier de l’engouement généralisé pour le chauffage électrique. Pour les promoteurs immobiliers et les bailleurs, c’est aussi une aubaine : le coût d’installation est jusqu’à dix fois moins cher que celui d’une chaudière assortie de tuyaux et radiateurs [4]. « À Paris, par exemple, dans les bâtiments Haussmanniens, les propriétaires ont volontiers remplacé des chauffages centraux par des systèmes électriques », ajoute Joël Vormus. La plupart des personnes qui les utilisent sont des locataires, souvent dans le parc privé, parfois dans le parc public. « Les bailleurs en ont installé partout, simplement parce que ce ne sont pas eux qui paient les factures », regrette le médiateur national de l’énergie Jean Gaubert.

Un immense surcoût collectif

Chargé de gérer les litiges entre les distributeurs d’énergie et les consommateurs, Jean Gaubert affirme qu’« il y a un lien évident entre le chauffage électrique et la précarité énergétique. Comme il coûte cher, en dehors de son installation, les ménages en difficulté se retrouvent avec un poids en plus ». 10% des ménages français, soit 5,5 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique : elles peinent à payer leurs factures et ont froid chez elles. L’augmentation annoncée du coût de l’électricité risque de rendre leur situation encore plus compliquée [5]. « Le chauffage électrique est onéreux pour tous les Français, même ceux qui se chauffent autrement, note Joël Vormus. Pour acheminer les grosses quantités d’électricité dont ont besoin nos millions de radiateurs, il faut surdimensionner le réseau de distribution (câbles, transformateurs…). Ce coût est supporté par l’ensemble des consommateurs d’électricité. Cela représente 40 à 50% du prix du kWh, pour tout le monde. »

À cet énorme coût collectif – auquel il faudrait ajouter celui des déchets nucléaires – s’ajoute le risque de black-out, une grande coupure de courant dans toute une région du pays. Quand en hiver autour de 19h, les 9,5 millions de foyers chauffés à l’électricité allument ou augmentent les radiateurs, le réseau voit rouge. Et plus la température extérieure diminue, plus la situation est tendue. Une baisse de 1°C entraine un besoin de 2 400 mégawatts supplémentaires, soit la production de deux réacteurs nucléaires, rappelle le Réseau de transport d’électricité (RTE), qui gère le réseau public haute-tension.

Cinq réacteurs nucléaires rien que pour les radiateurs

« Nous sommes le seul pays du monde à avoir une pointe électrique à 19h, soupire Marc Jedliczka, du réseau Négawatts. Ailleurs en Europe, elle a lieu à midi, quand les entreprises tournent et que l’activité augmente pour fournir les déjeuners. Le pic français de 19h est largement supérieur au pic européen de midi. La différence, due au chauffage, peut aller jusqu’à 5 GW, l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires » [6]. Pour faire face à la demande hivernale, la France importe de l’électricité de ses voisins européens, avec un risque de saturation des interconnexions en cas de pic trop élevé, comme cela a été le cas en 2012, lors d’un épisode particulièrement froid [7].

Cette année, la situation est particulièrement délicate, en raison des nombreux arrêts de réacteurs nucléaires demandés par l’Autorité de sureté (ASN) et qui s’échelonnent jusqu’à fin janvier. « Nous n’avons jamais été dans une situation aussi critique, pense Marc Jedliczka. Il y a un vrai risque de black-out s’il fait trop froid. » « Les appréhensions sont réelles, confirme Anne Lefranc, de l’Ademe. Le ministère de l’Environnement et l’Ademe viennent de lancer une campagne sur les éco-gestes, invitant les gens à faire attention, par exemple en limitant la température intérieure à 19°C. »

« Une catastrophe du point de vue des émissions de CO2 »

Pour être absorbé, et que chacun dispose d’électricité chez soi malgré la forte demande, ce pic de consommation requiert le secours des centrales thermiques du pays, qui fonctionnent au fioul, au gaz ou au charbon. Affirmer que l’électricité française n’émet pas de gaz à effet de serre n’est donc pas vraiment exact… Pour la période 2000-2004, l’Ademe et EDF annonçaient des émissions moyennes de 180g par kWh électrique de chauffage domestique ; contre 195g pour le gaz naturel et 310g pour le fuel. Mais depuis l’ouverture totale du marché de l’électricité en 2007, le contenu CO2 du chauffage électrique a explosé : nous sommes passés à plus de 500g par kWh !

Pourquoi une telle envolée ? « À chaque instant, le gestionnaire du réseau (RTE) se fournit sur le marché européen avec le kWh le moins cher disponible », répondent les experts de Global Chance, une association de scientifiques spécialisés sur les questions énergétiques. Peu importe s’il provient de centrales qui brûlent de la lignite, combustible fossile qui émet beaucoup de CO2. « Le chauffage électrique devient une catastrophe du point de vue des émissions de CO2. L’impact aurait été 2 à 3,5 fois moindre si on avait installé des chaudières à gaz plutôt que des convecteurs dans les maisons [8] ! »

Arnaud Montebourg vole au secours des radiateurs électriques

Les radiateurs électriques « nouvelle génération », à inertie ou infrarouges, peuvent-ils améliorer la situation ? Ils peuvent détecter une présence dans la pièce ou l’ouverture d’une fenêtre pour adapter leur niveau de chauffe. Ils « diffusent une chaleur plus confortable, assure Thomas Paysant Le Roux, responsable de l’espace info énergie « Les sept vents du Cotentin ». On a tendance à moins chauffer. Mais les systèmes vraiment performants peuvent coûter jusqu’à 2 000 euros pièce, ce qui réduit sensiblement leur intérêt, puisqu’on se rapproche du coût d’une chaudière ou d’un poêle à bois. » Plusieurs experts soulignent par ailleurs que les baisses de consommation annoncées par les constructeurs sont erronées. Résultat, selon Joël Vormus, « les chauffages bas de gamme importés constituent encore l’essentiel du marché ».

Il est d’autant plus difficile pour les consommateurs de s’y retrouver que les radiateurs électriques échappent à l’étiquetage énergétique, pourtant accolé sur tous les appareils ménagers, et sur tous les systèmes de production d’énergie – chaudière, poêle à bois ou pompe à chaleur – partout en Europe. Pour Joël Vormus, qui a participé aux discussions organisées sur le sujet par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), le lobby électrique est intervenu, soutenu par le ministère du Redressement productif que dirigeait alors Arnaud Montebourg.

« Yves Le Camus, secrétaire général du groupe Muller, leader français du chauffage électrique mural aux côtés d’Atlantic, reconnaît que les fabricants de convecteurs ont bénéficié, sur ce dossier, d’oreilles attentives au ministère du Redressement productif, de la DGEC mais aussi du côté de Matignon et de l’Élysée », relève le journaliste du Moniteur Eric Leysens dans un article publié en octobre 2013. « Les autres pays européens n’ont rien trouvé à y redire, parce que pour eux, le chauffage électrique n’est pas vraiment un sujet, remarque Joël Vormus. Seule l’Angleterre a protesté, avançant des risques de distorsion de concurrence, mais sans résultat pour le moment. »

La rénovation énergétique à la traîne

« Avant de changer le système de chauffage, il faut rénover l’habitat, rappelle Anne Le Franc. C’est la manière la plus efficace de faire chuter une consommation énergétique. » « Il ne faut pas gérer la pointe, ajoute Marc Jedliczka du réseau Négawatts. Il faut la supprimer. On n’y parviendra qu’en rénovant les logements. En même temps, on réduira les émissions de gaz à effet de serre, on rendra les gens solvables, on leur rendra la vie quotidienne plus agréable, et on créera des emplois. »

Pour encourager les travaux, des aides publiques ont été mises en place : crédit d’impôt, aides de l’Agence nationale de l’habitat (anah), éco-prêts à taux zéro, subventions des régions et des départements, TVA à 5,5%… Mais divers acteurs du secteur estiment que cette pléthore de critères et d’interlocuteurs risque, tout simplement, de perdre en route une partie des consommateurs.

« Il faut organiser une convergence des dispositifs, et simplifier les démarches. Il faudrait aussi responsabiliser les acteurs du bâtiment. En France, nous avons une obligation de moyens, mais jamais de résultat », critique Joël Vormus. Les artisans n’ont pas de comptes à rendre sur l’efficacité des travaux engagés. Autre problème : l’absence d’incitation du côté des bailleurs privés, qui empêche toute amélioration de confort et d’économie d’énergie pour les locataires, majoritaires parmi les personnes chauffées à l’électricité. « Pour beaucoup de propriétaires, la rénovation énergétique est un gros mot, dit Jean Gaubert, le médiateur de l’énergie. Certains d’entre eux sont âgés, tout cela leur semble compliqué. L’intérêt leur échappe complètement alors que l’entretien d’un bien immobilier est toujours intéressant. D’autres enfin font des calculs d’Harpagon. »

« Personne ne vérifie jamais rien une fois que les travaux sont faits ! »

Marc Jedliczka regrette de son côté que le programme français de rénovation thermique soit si peu ambitieux. L’état du parc de logements est pourtant problématique : plus de 40% des habitations françaises sont classées entre « E » et « I », ce qui signifie qu’elles consomment de 231 à 330 kWh/m2/an, quand une maison efficace en consomme 50, voire 15 pour un habitat passif ! Prenant pour exemple les critères de l’Anah, qui exige une baisse de consommation énergétique de 25% pour subventionner des travaux de rénovation, Marc Jedliczka s’interroge : « Pourquoi ne pas exiger directement 50% d’économie d’énergie, voire plus ? Pourquoi se contenter de faire passer les bâtiments de la classe E à la classe D ? Faisons les choses plus sérieusement, et efforçons nous de faire passer tous les logements aux classes B ou A, avec une suppression des chauffages électriques. »

En Allemagne, les banques sont tenues de proportionner leurs offres de prêts aux objectifs thermiques des travaux : plus on est ambitieux, moins on paie d’intérêts. « Un expert indépendant est chargé d’évaluer le sérieux des travaux envisagés, détaille Marc Jedliczka. Et il repasse en fin de chantier vérifier que tout a été bien fait. Si ce n’est pas le cas, l’artisan revient gratuitement. L’efficacité est évidemment toute autre qu’en France, où personne ne vérifie jamais rien une fois que les travaux sont faits ! »

« La rénovation énergétique est la seule solution sérieuse et durable pour répondre à la déstabilisation du réseau électrique causée par le chauffage, conclut Joël Vormus. Mais au lieu de se concentrer sur ce volet, on prévoit d’augmenter les moyens de production, en construisant de nouveaux réacteurs nucléaires. C’est prendre le problème à l’envers, encore une fois. » En octobre 2015, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a annoncé la construction d’une quarantaine de nouveaux réacteurs d’ici 2050 [9].

Nolwenn Weiler

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[1La RT 2012 ne supprime pas tout type de chauffage électrique. Les pompes à chaleur (PAC) y ont en effet acquis une très bonne place, sous la pression des lobbys. Si la qualité, et l’efficacité énergétique des PAC est très variable, elles restent cependant moins gourmandes en énergie que les radiateurs électriques dotés d’une résistance.

[2Chauffage, le piège électrique, de Stéphane Manier et Raphaël Rouyer, 2015.

[3À propos des campagnes de promotion en faveur du chauffage électrique, voir cet article du site Terra Eco.

[4Avec des radiateurs à 50 euros ou 100 euros, on peut équiper une maison pour 1 000 à 2 000 euros.

[5Un rapport sénatorial publié en 2012 annonce une hausse du coût de l’électricité de 50% d’ici 2020.

[6Un historique des courbes de charge journalière du réseau électrique français est disponible ici.

[7Le pic record de la France (65 millions d’habitants) a été de 100 GW le 7 février 2012 à 19h00, celui de l’Allemagne (80 millions d’habitant) de 84 GW le 7 décembre 2013 à 17h00, soit un appel de puissance par habitant 50% plus élevé en France.

[8Voir Les cahiers de Global chance, septembre 2008.

[9Lire cet article du Monde, à propos du programme de relance nucléaire d’EDF.

Bientôt du gaz fabriqué par des OGM dans les bouteilles de GPL

Bonne nouvelle : le GPL prépare son avenir en devenant progressivement une énergie renouvelable……Mauvaise nouvelle : en France, le produit qui sera ajouté au GPL pour le rendre « renouvelable » sera issu des  cultures  nécessitant le plus d’herbicides et de pesticides  a l’hectare : la betterave sucrière. Les fournisseurs de GPL envisagent d’intégrer a partir de 2018 du gaz d’origine renouvelable dans leurs bouteilles de butane et de propane afin de contribuer  à cette « évolution d’une ère du purement fossile vers du renouvelable », annonce le  Comité Français du Butane et du Propane (CFBP). La Loi de transition énergétique exige que les énergies renouvelables représentent  10% de la consommation de gaz en 2030. Or les gaz butane et propane sont actuellement  issus à 70% des champs de gaz naturel (gaz de schiste compris)  et à 30% du raffinage du pétrole.

Les membres du CFBP se sont rapprochés de la société Global Bioenergies qui fabrique de l’isobutène renouvelable intégrable dans les bouteilles de gaz à usage domestique. Introduite en Bourse en 2012, l’entreprise a breveté un procédé de fermentation utilisant des bactéries modifiées génétiquement dont le rôle est de produire un gaz contenant de l’isobutène ( un hydrocarbure) à partir de sucre extrait de la betterave, de la canne à sucre, de la paille ou du bois. « La production ne dure que quelques heures et non pas des millions d’années », précise Marc Delcourt,  co-fondateur et dirigeant de Global Bioenergies.

La construction d’une usine est prévue pour 2018 en Champagne. Baptisée « IBN-One », elle sera alimentée en sucre issu de betteraves produites localement. Si le projet arrive à son terme, les dimensions des bouteilles de butane et de propane ne changeront pas pour le particulier, assure le CFBP.

Global Bioenergies, entreprise implantée dans le Génopole d’Évry (Essonne), a annoncé en  2010 avoir fabriqué des OGM capables de synthétiser de l’isobutène à partir de glucose. Il s’agirait, selon les responsables de cette société, de bactéries équipées d’un matériel enzymatique artificiel développé par génie génétique et cultivées dans un pilote industriel depuis mai 2015. L’entreprise annonce une production d’une tonne d’isobutène pour 3,84 tonnes de sucres. La société dispose  d’un pilote de production d’isobutène situé à PomacleBazancourt  a la limite de la Marne et des Ardennes. Elle annonce maîtriser depuis 2015 la biofermentation de xylose (sucre issu du bois).

Début 2016, l’entreprise a annoncé  avec le néozélandais LanzaTech vouloir produire de l’isobutène comme carburant liquide à partir de matières premières non agricoles et déchets organiques.

Enfin en septembre 2016 Global Bioenergies a annoncé avoir signé un accord en vue de produire un carburant  à partir de ressources forestières. L’accord de collaboration porte sur l’étude conceptuelle de l’implantation d’une première usine en Suède, dans le cadre du « Bio-Based Gasoline Project » soutenu par l’Agence suédoise de l’énergie.

Engorgement du marché mondial du GPL : une filiale d’EDF perd près d’un million de dollars

 

 

L’entreprise EDF Trading,  filiale de l’électricien français EDF, qui s’amuse apparemment à arbitrer sur le marchés de gros du GPL en dépit du fait que l’électricien français soit absent de la vente de GPL au détail ( « si on ne peut plus spéculer sur tout et n’importe quoi »),  vient de perdre 1 million de dollars sur des contrats  de GPL qu’elle préfère ne pas honorer, selon  un article de l’agence Reuters daté de juillet dernier.  Voilà qui va arranger encore plus les affaires de notre électricien national déjà fort à la peine …

 

Les traders sur le marché du gaz de pétrole liquéfié (GPL) font face à un engorgement qui pourrait avoir raison de leur carrière, et qui a déjà conduit à plusieurs millions de dollars de pertes, tandis que les négociations entre les compagnies  gazières  et les acheteurs chinois visant à annuler les contrats   sont dans une impasse, et risquent d’aggraver la situation de marchés déjà largement  saturés.

Le marché mondial  du GPL,  collection  de  marchés de niche répartis aux quatre coins du globe, a gonflé considérablement avec l’arrivée des exportations américaines de propane issu du gaz de schiste. Les Etats Unis sont passés du statut d’importateur au statut de plus gros exportateur de propane en quelques années, rivalisant avec les producteurs des pays du Golfe.

« Je ne peux pas me rappeler que les choses aient jamais été aussi désastreuses. Il y eu cette production massive des Etats-Unis et les gens ont espéré que le marché chinois absorberait tout » raconte un trader de  GPL.

« La demande a été très forte dans les 4 premiers mois de 2016, avec des prix du pétrole très bas, mais cela s’est arrêté en mai et le marché est maintenant excédentaire de plusieurs millions de tonnes »

Un engorgement était certes attendu,  mais sa sévérité a pris la plupart des traders par surprise. Il est vraisemblable que cet épisode servira d’avertissement gratuit aux traders de GNL (gas naturel liquéfié), dont la surproduction est elle aussi, de plus en plus manifeste.

Les traders de GPL se sont retrouvés sur le carreau, réduits  à essayer de minorer leurs pertes tandis que  la Chine n’arrivait pas  à entrainer la demande.

Au moins 5 entreprises de trading : Vitol, Gunvor, Shell, BP et EDF Trading, ont annulé des chargements prévus en Juillet, au départ des deux grands terminaux texans de GPL, préférant payer des pénalités pouvant atteindre  1 million de dollars par cargo.

Beaucoup de ces traders ont signé des contrats d’achat pluriannuels, mais la prime d’arbitrage sur le spot par rapport au prix de référence de Mont Belvieu a plongé à environ 40 dollars cette année, rendant impossible tout transport maritime même sur une base contractualisée.

Les contrats d’achat ont été signés lorsque le prix de référence américain se situait entre 150 et 200 dollars en dessous du prix de référence européen (ARA) ou du prix officiel du propane en Arabie Saoudite (ARAMCO). Mais  le spread entre les USA et le reste du monde s’est considérablement réduit en 2016, rendant les exportations américaines soudainement inintéressantes vers l’Asie.

Les utilisateurs chinois sont maintenant en train d’annuler ou de renégocier leurs contrats à terme, en prenant avantage des surplus disponibles au Moyen Orient et d’une alternative meilleur marché que le propane, à savoir  le naphta.

La demande chinoise s’est ralentie en 2016 du fait de la baisse des marges sur le propylène, ce qui a conduit à ralentir la production et à retarder le démarrage de nouvelles installations. Après avoir touché le fond, on s’attend à ce que le marché se rééquilibre avant la fin de l’année dans un contexte de surproduction persistante.

Les différents entre acheteurs et traders ont dans certains cas débouché sur des altercations ouvertes et des immobilisations de tankers.

Durant une conférence GPL qui s’est tenue avant l’été en Chine, un trader a raconté qu’il a assisté à une « discussion  houleuse entre les chinois et les fournisseurs américains, en dehors de la salle de conférence, près du café… Tout le monde  faisait semblait de ne pas paraître en train d’écouter ce qu’ils disaient… »

Targa Resources , opérateur d’un terminal d’exportation au Texas s’est retrouvé coincé sur des contrats avec des acheteurs chinois, et cherche à obtenir des dommages et intérêts de plus de 1 million de dollars auprès de China Soft Packaging Group, selon des documents enregistrés auprès de la Cour d’un comté du Texas.

« Les fournisseurs américains se sont fait des marges très confortables en 2015 et ils doivent maintenant accepter de négocier  les prix » selon une source haut placé chez un des acheteurs de GPL chinois.

Le groupe Oriental Energy International Trading basé à Hong Kong, a eu aussi quelques démêlés avec Targa et le trader grec de GPL Naftomar. Targa a laissé le tanker Kikyo d’Oriental se morfondre pendant des semaines au large du Texas au mois de Juin. Le navire Constellation de Naftomar a été coincé à l’extérieur  du port chinois de Ningbo, selon un trader de Naftomar.

SK Chemical Trading basé à Singapour, a récemment annulé des contrats avec Naftomar, Petredec et Shell, après que leur acheteur  Zhejian Shaoxing Sanyuan Petrochemical  ait décidé de faire  volte-face sur ses commandes.

Un trader a déclaré que la déroute actuelle des prix du propane était en train de ruiner des carrières de traders, et pouvait avoir des conséquences à la  « OK Corral », faisant référence à la fameuse fusillade  historique  (26 Octobre 1881  Tombstone , Arizona) à l’époque de la conquête de l’Ouest.

Source  : Reuters 19 Juillet 2016 « Oil traders lose millions as LPG glut shocks market »