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Boostheat,  la chaudière gaz qui jette un froid            

 

Avez-vous entendu parler de la nouvelle chaudière BoostHeat ? Non ? C’est normal,  son industrialisation démarre à peine.  Vous ne pourrez l’acheter, si tout va bien, qu’au second semestre de cette année. Quelque part du côté de Lyon, dans les anciens locaux de Bosch  laissés vacants par la désindustrialisation galopante de la France, une nouvelle chaudière révolutionnaire est en train de naître qui sera parait-il deux fois plus économe que les meilleures chaudières à gaz actuellement présentes sur le marché.

Vu comme ça, ça a l’air particulièrement alléchant. Cette chaudière arrive à point nommé pour ceux qui souhaitent remplacer prochainement leur vieil appareil de chauffage. Le  rendement particulièrement élevé de la Boostheat permettra d’amortir les hausses de prix à venir du propane , depuis que Macron a décidé, sans consulter l’ADECOPRO,  de taxer le propane à la TICPE.

Renseignements pris sur le site internet du fabricant, cette chaudière n’est en réalité pas vraiment  une chaudière. C’est un croisement entre une chaudière gaz et une pompe à chaleur. La Boostheat est donc à la chaudière ce que le Bergamasco est au chien de berger  : seul un examen attentif permet de  s’assurer  qu’il s’agit toujours d’un chien….Les prototypes fonctionnent  au gaz de ville uniquement. Aucune indication n’est fournie quand à la mise à disposition d’un modèle fonctionnant au propane.

Bergamasco

Bergamasco essayant de booster son propriétaire. Nettoyer un Bergamasco ou entretenir une Boostheat, laquelle des tâches sera la plus facile ?

Cette formule « deux en un »  signifie concrètement  qu’il y aura non pas un appareil à installer mais deux, avec une liaison frigorifique (ou autre)  entre les deux.  Vous qui espériez un matériel bon marché à installer, c’est raté.   Vous venez de doubler  le coût d’installation de votre  future chaudière.

Premier mensonge :   les photos du site ne montrent que la chaudière elle-même  et son  esthétique extérieure et intérieur (chromé),  et évitent soigneusement de mettre en évidence   le groupe extérieur de la PAC, il est vrai  beaucoup moins sexy à reluquer sur le bord de la terrasse mais   tout aussi  nécessaire pour  faire fonctionner l’engin. Comme dans n’importe quelle PAC, ce sont les calories pompées dans l’air extérieur qui permettent de diminuer la quantité de gaz consommée.

Toute la question sera de savoir si cette chaudière avec PAC intégrée coûtera moins cher à l’achat, à l’ installation  et à la maintenance qu’une chaudière « normale » auquel on rajouterait une pompe à chaleur «  normale ». Car  n’importe quelle pompe à chaleur greffée  à une chaudière existante  peut diminuer par trois (en moyenne) votre consommation de gaz,  exactement comme la Boostheat est supposée le faire.  Si la Boostheat devait coûter au moment de son lancement le  prix d’une chaudière neuve auquel s’ajoute  le prix d’une PAC,   je vous conseille vivement de rester dans une configuration classique  dont la maintenance pourra être assurée par n’importe quel chauffagiste au coin de la rue, et d’éviter la Boostheat, au moins  jusqu’à plus ample informé….

Les ingénieurs français ont en effet la réputation d’être de bons inventeurs mais de piètres industriels : ce ne sont  pas les mêmes qualités intellectuelles qui sont requises dans les deux cas. Or il se trouve que ce sont les inventeurs, titulaires des  brevets,  qui dirigent apparemment  l’entreprise.   On peut donc craindre le pire,  non pas tant côté fabrication ( le monde de la fabrication n’est pas si éloignée du bureau d’études), que du côté « service »  entendu au sens large, c’est à dire « formation des installateurs » et  » service après-vente ».

Les pas-si-anciens  se rappelleront  la  gamelle industrielle qu’a été la chaudière pulsatoire française  AUER  sensée apporter   la solution finale aux  problèmes de consommation de gaz de nos classiques chaudières à condensation.  Dans la réalité,  la pulsatoire est tellement sensible et tellement complexe à régler que AUER n’a jamais pu former d’installateurs compétents en nombre suffisant dans l’hexagone ( beaucoup de ces installateurs qui ont rêvé d’une rente avec AUER, ont d’ailleurs laissé tomber  la marque depuis).   De nombreux consommateurs se sont retrouvés marris de devoir trouver un chauffagiste capable de régler une chaudière qui a  la sale habitude de se dérégler tous les quatre matins. Autant dire que ce n’était pas prévu comme ça dans le prospectus de vente du fabricant.

Il va donc falloir que Boostheat prévoit un super programme de formation si la firme entend développer ses ventes en donnant les moyens aux chauffagistes de maîtriser la question du SAV sur une machine hybride « gaz-pac ». Ils sont nombreux les fabricants et les distributeurs de PAC en France, à s’être cassés les dents sur le problème de la formation et de la compétence des installateurs, que ces derniers  soient électriciens ou plombiers-chauffagistes.

Ceux qui souhaitent  changer leur équipement de chauffage dans les prochains mois,  et qui prévoient éventuellement d’installer une PAC pour réduire leur  consommation,  feraient donc bien d’attendre les premiers retours d’info de leur chauffagiste avant de se lancer dans l’achat de ce nouveau  « Stimulateur de chaleur » (traduction littérale de Boostheat ). Quand à la possibilité d’installer l’engin dans un coin de la cuisine ( qui est un des gros avantages des chaudières gaz sur les chaudières fuel), on ne connait pas encore ses dimensions,  mais ça n’a pas l’air gagné d’avance…

Ceci dit, Boostheat a eu le privilège d’avoir un tas de bonnes fées qui se sont penchées sur son berceau. Parmi les partenaires  de l’entreprise qui ont apporté du capital,  des prêts,  du fonds de roulement et autres dons en nature, on trouve la Commission Européenne, l’Agence Nationale de la Recherche, l’ADEME, GRDF, ENGIE, DALKIA, nos « amis » de Butagaz, TOTAL et un certain nombre d’universités et de collectivités, ainsi que la BPI France dans le rôle du Parrain.  Ce qui semble vouloir indiquer qu’un nombre respectable d’industriels et de chercheurs croit au succès commercial  du nouveau stimulateur de chaleur.

Sur la page du menu du site décrivant  l’entreprise,   on peut trouver les  photos en noir et blanc  des dirigeants et des salariés de l’entreprise. Quelques mois en arrière  on pouvait aussi y trouver les photos des 10 administrateurs de l’entreprise, 7 hommes et 3 femmes (histoire de  respecter la parité).  Étrangement les photos des administrateurs ont toutes disparu du site internet  après que  la direction de l’entreprise ait reçu un mail  d’un certain Denis Peyrat, leur faisant remarquer qu’il valait mieux pour le succès de leur start-up qu’elle cache  les noms des 3 femmes membres de son Conseil d’Administration. Le choix de ces personnalités  n’apparaissait en effet  ni comme un gage de succès, ni comme  un gage de valeur morale.  Jugez-en par vous-même :

  • Anne Lauvergeon , de sinistre mémoire nucléaire. Pour rappel, en mai 2016, Lauvergeon a été mise en examen pour présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations. On lui impute la responsabilité de pertes abyssales estimées entre 10 et 15 milliards d’Euros (que le contribuable va devoir payer) dans l’affaire Uramin (acquisition à prix d’or de mines d’uranium sans valeur). Son mari est mis en examen dans la même affaire pour blanchiment et délit d’initié. Après passage au tribunal, Lauvergeon  ne devrait logiquement  plus avoir le droit de gérer la moindre entreprise privée ou publique. Elle  touche pourtant  des jetons de présence payés par Boostheat, jetons financés par des subventions publiques (vu que Boostheat n’a encore vendu aucune chaudière-PAC). Ca c’est la France telle qu’on la déteste.

 

  • Myriam Maestroni, ancienne DG de Primagaz jusqu’en 2011 ou 2012, et donc membre éminente du cartel français du gaz en citerne.  Son cas n’a rien à voir avec celui de Lauvergeon,  bien évidement. Selon les mauvaises langues, M&M aurait été gentiment poussée vers la sortie après s’être illustrée par son inaction. C’est d’ailleurs juste après le départ de Maestroni que Primagaz s’est finalement rendu à la raison (ou à la DGCCRF ? ou les deux à la fois ?) et a accepté  de céder ses citernes de gaz aux consommateurs qui lui en faisaient la demande  ( à l’ADECOPRO, on a la prétention de croire qu’on y est un peu pour quelque chose aussi).  Pas rancunier, le groupe Primagaz a payé deux pages de publireportage  dans le cahier « Economie »  du Monde à la gloire de sa future ex-directrice générale quelques semaines  avant de la pousser vers la sortie. Ca fait toujours bien sur un CV. C’est pas tous les chômeurs qui ont droit à de tels égards de leur part de leur patron !

 

  • Pour compléter le tableau féminin, la troisième femme du CA de Boostheat est Angélique Gérard ( ex Berge) qui a fait la une de l’actualité en 2017 lorsqu’il est apparu qu’elle dirigeait avec une poigne et un vocabulaire très peu châtié,   les centres d’appel téléphoniques de Free en France et à l’étranger.  Il faut dire que la description des méthodes de management appliquées avec férocité par Free sur ses salariés des call-centers est plutôt glaçante. On y apprend que la moindre faiblesse ou la moindre contestation syndicale est réglée à coups de licenciements pour faute grave, permettant à la société de ne pas verser d’indemnités. Je vous laisse découvrir son portrait élogieux sur Internet, notamment si vous avez raté l’émission Cash Investigation d’Elise Lucet en septembre 2017, consacrée à la gestion militaire des RH chez Free.

 

Voilà donc des dirigeants de start-ups chères à Macron,  qui ont le bon goût de s’entourer de femmes admirables à tout point de vue.  Faut pas leur jeter la pierre à ces dirigeants !  Au lieu de Lauvergeon, ils auraient pu choisir Gina Haspel, la nouvelle directrice de la CIA, pour siéger à leur conseil d’administration. Elle n’aurait pas dépareillé puisqu’ Haspel a dirigé les  fameuses prisons américaines basées à l’étranger. Des prisons réputées pour pratiquer la torture. Un peu comme dans les call-centers de  Free,  sauf que chez Free,  les bourreaux connaissent les trucs pour éviter de laisser des traces visibles sur les corps. Les traces dans les âmes, c’est beaucoup moins visible que les coups sur la peau.

Je ne vois que 3 explications à un choix aussi peu judicieux :

a)  les inventeurs de Boostheat  ont fait exprès de choisir ces trois femmes pour être sûrs de faire le buzz et  faire parler de leur chaudière ( après tout cela peut être une stratégie marketing payante par les temps qui courent)

b)  ils n’ont  trouvé aucune autre volontaire parmi les dirigeantes d’entreprises françaises intéressées par le chauffage domestique ou les chaudières à gaz.

c) les « business angels » qui ont permis la création de l’entreprise Boostheat et son lancement industriel,  étaient en réalité des « hells angels » travestis sous l’apparence flatteuse de jolies femmes.

On souhaite tout de même beaucoup de succès aux inventeurs de la BoostHeat, dont on n’oubliera pas de vous reparler ici même à l’occasion de son lancement commercial.

 

PS  Vu que le prix d’une pulsatoire installation comprise  était de 11 k€ huit ans en arrière ( selon un membre de l’ADECOPRO qui est équipé de cette machine) , je dirais que ce truc ne sera pas proposé (installation comprise) à moins de 14 k€.  Je dis cela juste pour ne pas créer une attente excessive de la part de nos chers lecteurs qui cherchent à remplacer leur chaudière et hésitent pour des raisons de budget…

PS 2  (12/12/2018)  Cet article étant, à ma grande surprise  le plus lu des archives de notre site sur les deux derniers mois, je me permets une petite mise à jour.  J’ai lu que Boostheat offre sa chaudière uniquement en location pour le moment. Attention les amis ! Louer un appareil de production de chaleur équivaut à acheter une prestation de chauffage. Vous allez dépendre d’un seul prestataire. Quid en cas de défaillance de l’entreprise ? De plus vous devez protéger vos droits en vérifiant la teneur exacte de l’obligation de résultat de Boostheat. Et vu la manière dont « certains » industriels français se plaisent  à arnaquer  leurs concitoyens dans ce pays où ils jouissent d’une « quasi-impunité de fait » au plan du droit de la consommation, vous avez intérêt à lire toutes les lignes de votre contrat de location-maintenance de chaudière. Conseil de juriste : la PREMIERE  chose qu’il faut aller chercher dans ce contrat, c’est le montant des  pénalités à payer par Boostheat dans le cas où votre chaudière cesserait de fonctionner et que vous vous retrouvez sans aucun chauffage ( ou bien dans l’obligation de vous chauffer plus cher à l’électricité), comme dans les contrats de chauffage urbain ou les contrats de prestation multi-technique. Si vous ne connaissez rien à ce type de  contrats, un bon conseil : ne les signez pas avant d’en avoir parlé avec des professionnels du bâtiment (  des chauffagistes habitués à signer ce type de contrats, ou des responsables techniques ayant l’habitude de négocier des contrats de fourniture de CHALEUR ). Au besoin envoyez moi une copie de leur contrat : comme j’ai acquis quelques compétences dans le domaine des achats publics,  je vous dirai si leur contrat est abusif.


4 commentaires

  1. Jean Pierre LIGNEAU dit :

    Je trouve votre article sur Boostheat complètement à charge et pas du tout objectif. Quand la France innove, je pense qu’il vaut l’encourager.
    Pourriez vous, svp, faire une analyse plus technique?
    Cordialement

    • anthraxgaz dit :

      Bonjour. L’utilité d’un site Internet comme le nôtre est de publier des informations qu’on ne lira pas ailleurs. Sinon à quoi bon se donner la peine d’écrire ? Oui il faut encourager la France qui innove lorsque l’innovation est utile aux consommateurs. Les français savent lire. Et ils lisent que la voiture électrique n’est pas une bonne affaire au prix proposé ( d’où le marasme des ventes de ce type de véhicule), et que 75 % des nouveaux médicaments sont inutiles ou dangereux (lu sur BFMTV). Ce qui prouve que l’innovation industrielle, particulièrement en France, obéït à d’autres logiques que le souci du consommateur.
      J’avoue n’avoir aucune compétence pour traiter de l’intérêt TECHNIQUE d’acheter une Boostheat en remplacement d’un appareil existant. Mais nos lecteurs seraient probablement intéressés par une étude sur le sujet si vous avez les compétences idoines. A condition bien entendu que cette étude ne se contente pas d’égrener la litanie habituelle des arguments sur « l’innovation qui innove », mais qu’elle dévoile l’intérêt économique pour le consommateur de jeter sa vieille pompe à chaleur et/ou sa vieille chaudière fioul ou propane ( en relève de PAC) et de se procurer ce nouveau type d’appareil combiné. Il conviendra d’expliciter notamment les hypothèses retenues dans l’étude car vous n’êtes pas sans savoir que l’écart de prix sur le propane est de 1 à 3 pour les consommateurs français, ce qui n’est pas sans avoir de conséquence sur les résultats de ladite étude. Cordialement

  2. Simone MILLEREAU dit :

    Après vous avoir lu, je n’hésite plus, ce ne sera pas par cette chaudière que je remplacerai ma vielle chaudière de 24 ans….

  3. Aubert dit :

    Bonjour, je serais curieux de savoir où vous avez lu que notre machine était disponible uniquement à la location afin de rectifier cette information.
    En effet nous proposons bien l’achat de la machine. Nous favorisons d’ailleurs l’accession pour le moment compte tenu du taux de TVA bien plus intéressant pour le consommateur (5,5%) VS la location qui est plus élevé (19,6%).
    Cordialement,

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