Primagaz et Vitogaz dénoncent leurs propres turpitudes devant le Conseil d’Etat !
Le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) vient de porter plainte contre les 4 géants du secteur en invoquant une fraude sur les filtres à cigarettes qui perdurait tranquillement depuis des décennies. Les taux réels de nicotine et de goudron sont de 2 à 10 fois supérieurs aux taux affichés, affirme le CNCT. Le plus drôle, c’est que c’est l’industrie elle-même qui a vendu la mèche, raconte le Monde du 10 février dernier. Cette prouesse des multinationales du tabac remonte en réalité à 1982. Cette année-là, Philip Morris attaquait devant la justice suisse un concurrent en utilisant le même argument que celui que le CNCT a retourné contre les cigarettiers, à savoir que la quantité de produits cancérigènes ingurgitée par un robot de laboratoire n’a rien à voir avec la quantité absorbée par une bouche humaine. Encore un de ces fameux « biais de laboratoire» générés par des conditions artificielles d’expérimentation, dont nous dénonçons régulièrement les conséquences « explosives » concernant l’absence de possibilité de détection de l’odeur du gaz par les personnes atteintes d’anosmie partielle ou totale, et notamment les personnnes âgées. Si les gens savaient à quel point tout ce qui concerne la santé humaine est manipulé par les pouvoirs économiques (et politiques) en place…..
Cette histoire marrante d’arroseur arrosé m’a fait réfléchir. Est-ce que par hasard il n’y aurait pas eu par le passé des procès intentés par des propaniers contre d’autres propaniers, dans lesquels des décisions de justice ou des « attendus » permettraient de mettre à jour quelques pépites du même tonneau ? Pas besoin d’aller creuser à la pelleteuse dans les archives du ministère de la justice : je me suis souvenu que Primagaz et Vitogaz, les deux dindons du rachat de Totalgaz par Antargaz, avaient vainement tenté de demander au Conseil d’Etat l’annulation de l’accord sous conditions donné par l’Autorité de la Concurrence. Ce n’était pas à proprement parler un procès entre propaniers, mais ça y ressemblait beaucoup par les moyens de droit utilisés.
J’ai donc envoyé un mail au Conseil d’Etat pour demander les documents relatifs à cette affaire. Une partie seulement des documents produits par cette Cour de justice administrative est accessible au grand public. Comme j’avais les références de l’ affaire sous la main (*), j’ai pu obtenir très rapidement pour 7 € une copie électronique des conclusions du rapporteur public Mr Vincent Daumas. Jamais de ma vie je n’ai reçu une réponse aussi rapide d’un organisme d’Etat : dans les deux heures qui ont suivi ma demande. Il y a encore des institutions publiques qui fonctionnent….
Et là, bingo ! Au milieu d’un fatras de considérations sur la mainmise par Antargaz des dépôts régionaux de vrac suite au rachat de Totalgaz, je suis tombé sur quelques passages qui m’ont fait rire jaune. Je vous les livre à la suite telles que retranscrites dans les conclusions écrites du rapporteur public.
«La seconde critique soulevée ( par Primagaz et Vitogaz) contre l’analyse du marché de la distribution du GPL en gros et moyen vrac est tirée d’une erreur d’appréciation. Les requérantes reprochent à l’Autorité de la Concurrence de n’avoir pas retenu l’existence d’un effet anticoncurrentiel tiré de la captivité des clients »
Oui vous avez bien lu ! C’est bien Primagaz et Vitogaz qui reprochent à l’Autorité de la Concurrence d’avoir oublié de prendre en considération le fait que les propaniers du cartel, c’est-à-dire eux-mêmes, font tout ce qui est dans leur pouvoir pour maintenir leurs clients captifs. Attendez, la suite est encore plus drôle.
« A l’appui ( de leurs arguments) (Primagaz et Vitogaz) font valoir que les citernes utilisées chez les clients pour stocker le GPL livré par les distributeurs sont souvent la propriété de ces derniers . De sorte que lorsqu’un client veut changer de fournisseur, il doit commencer par lui racheter sa citerne ou payer pour son enlèvement. Les requérantes ajoutent que ce n’est pas le seul facteur de rigidité du marché : un autre facteur réside dans les pratiques contractuelles des distributeurs de GPL qui recourent souvent à des contrats de fourniture exclusive à long terme. »
Comme il est ridicule de voir les propaniers avouer leurs propres méfaits pour tenter d’échapper à leurs conséquences. Et qu’il est agréable de rappeler ici la désormais célèbre citation de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Voilà deux multinationales qui savent que les magistrats devant lesquels elles intentent une action en justice ne peuvent rien contre elles, sinon les débouter purement et simplement de leur demande, et qui s’accusent de fausser les règles de la concurrence, dans l’espoir de prouver que le rachat de leur concurrent ne ferait qu’aggraver l’absence de concurrence résultant de leurs propres pratiques. Extraordinaire, non ? Vous ne trouvez pas ce genre de cynisme répugnant, vous qui savez ce que ces pratiques commerciales vous coûtent au quotidien ?
La réponse de l’Autorité de la Concurrence, avalisée par le rapporteur, prouve que du côté de l’Etat, personne n’est dupe de la manœuvre initiée par les plaignantes.
« L’Autorité de la Concurrence fait valoir en réponse que le prix du rachat ou de l’enlèvement d’une citerne n’est pas déterminant pour les clients professionnels qui interviennent sur le marché en moyen et gros vrac. D’autre part les facteurs de rigidité mis en évidence par les requérantes qui sont bien réels, résultent de pratiques largement répandues qui ne sont nullement l’apanage des sociétés Antargaz et Totalgaz regroupées au sein de la nouvelle entité »
Une façon élégante de rappeler à Primagaz et Vitogaz qu’ils feraient mieux de la boucler sur le sujet. Vu l’état de la concurrence dans le secteur, ni l’Autorité de la Concurrence ni le Conseil d’Etat ne voient en quoi cette « opération de concentration aurait pour conséquence d’aggraver les effets de ces pratiques sur la captivité de la clientèle ».
On ne peut qu’approuver la réponse du rapporteur. J’ajouterai la chose suivante concernant spécifiquement le moyen et le gros vrac : je n’ai recensé à ce jour que deux moyens d’échapper au diktat des prix imposés par les propaniers français dans le moyen et le gros vrac, tout en améliorant le niveau de concurrence sur le marché :
- acheter les citernes de gaz : trop rares ont été les groupes industriels, issus du monde agricole pour la plupart, qui ne se sont pas laissés raconter des sornettes par les propaniers sur l’air de « ca ne sert à rien d’être propriétaire d’une citerne ». Il faudra un jour que j’aille interviewer ces rares acheteurs libres de propane (sous couvert ou non d’anonymat ) pour qu’ils racontent comment en devenant propriétaire de leur citerne, ils ont tout simplement renversé le rapport de force établi de longue date et abaissé considérablement leur prix d’achat : au lieu de craindre leur fournisseur, ils «sonnent » aujourd’hui les propaniers comme de vulgaires valets de chambre pour comparer leurs cotations de prix. D’après le témoignage de l’un deux qui a connu le monde d’avant et le monde d’après , il paraîtrait que ce retournement est assez jouissif…
- faire venir un concurrent étranger pour remplir les citernes à la sauvette. Il y a des spécialistes de la chose sur le marché du moyen et gros vrac. Evidemment on est dans le domaine de l’information confidentielle. Mais un peu d’entêtement et de la suite dans les idées peut faire beaucoup….
Si aucun de ces deux moyens n’est envisageable, le moyen ultime pour faire baisser durablement les prix dans le gros vrac sans se prendre la tête avec les propaniers consiste à créer ou à rejoindre un groupement d’achat professionnel puissant et organisé. Cette méthode a clairement la faveur des propaniers car les groupements en question sont des structures rarement ouvertes et généralement très discrètes. On ne trouve d’annuaire de ces groupements d’achat nulle part sur Internet et c’est bien dommage. Une liste des groupements existants par profession, métier ou territoire, qu’elle qu’en soit la taille, serait une avancée considérable vers plus de transparence des prix. Dernièrement un enseignant-artisan-potier qui a connu quelques mésaventures avec Vitogaz est venu chercher de l’aide à l’Association. Il ignorait qu’un groupement professionnel des métiers d’art regroupait ces artisans gros consommateurs de propane pour leur four à cuisson. Pour les propaniers, cette discrétion est la meilleure garantie que le bruit ne va pas se répandre qu’un tel achète le propane au prix du PLATTS plus une marge raisonnable ramenant le prix à la tonne autour de 600 ou 700 € hors taxe. Aucun effet de bord indésirable à craindre donc de la constitution de tels groupements d’achat sur le niveau de concurrence global sur le marché. Si vous utilisez le propane pour vos besoins professionnels et que vous n’avez pas la chance de connaître un groupement d’achat choyé par les propaniers, vous devez souvent vous sentir seul face à votre fournisseur de gaz…
Voyons maintenant ce que racontent Primagaz et Vitogaz au sujet de la concurrence dans le petit vrac.
Primagaz et Vitogaz commencent par se plaindre de l’effet anticoncurrentiel tiré de la captivité des clients petit vrac. Les deux lascars prétendent que l’Autorité de la Concurrence n’est pas en mesure d’apprécier la gravité de la situation à laquelle sont confrontés les consommateurs. Il est vrai qu’eux en connaissent un rayon sur le sujet. Selon eux « l’Autorité a commis une erreur d’appréciation ( en acceptant le rachat de Totalgaz) en n’identifiant pas sur le marché du petit vrac un effet anticoncurrentiel tiré de la captivité des clients » . Si c’est Primagaz et Vitogaz qui le dit, c’est que ça doit certainement être vrai. Les deux propaniers ont rendu leur copie séparément pour éviter d’être accusées de copier l’un sur l’autre. Primagaz n’hésite pas à enfoncer le clou. Le propanier néerlandais fait valoir que la captivité de la clientèle petit vrac est tellement forte « qu’elle limite les capacités de réaction des concurrents en cas de hausse des prix par la nouvelle entité et rend de ce fait impropres les remèdes envisagés par l’Autorité de la Concurrence ». Derrière cette phrase un peu compliquée se cache une vérité toute simple : lorsqu’Antargaz augmente les prix accordés à ses clients, dans une situation de concurrence normale, les clients se tournent vers un autre fournisseur. Dans le cas du propane, la captivité des clients interdit l’efficacité de mesures prises par les concurrents pour favoriser la « migration » des clients vers un autre fournisseur.
En clair Primagaz explique tranquillement aux magistrats que les propaniers sont les victimes du cartel qu’ils ont mis en place, cartel qui selon eux aggraverait les effets d’une concentration excessive de l’offre entre les mains de la future entité Antargaz- Finagaz. Il est vrai qu’avant le rachat de Totalgaz par Antargaz, les 4 propaniers avaient réussi à se partager le gâteau de manière relativement égale.
Toujours selon Primagaz, c’est parce que l’opération de concentration permet l’acquisition par la nouvelle entité de parts de marché considérables que la captivité de la clientèle deviendrait soudain une entrave à la concurrence particulièrement sensible. Pour le rapporteur, il s’agit là d’une affirmation gratuite et non d’une démonstration. Le rapporteur a parfaitement raison : on ne voit pas en quoi le rachat d’une clientèle déjà captive par un propanier détenteur d’une clientèle captive augmente le niveau de captivité global du marché. Le rapporteur aurait pu ajouter qu’il en serait tout autrement si Antargaz avait pu, à travers ce rachat, rendre captifs des acheteurs libres que Totalgaz aurait préalablement réussi à accaparer (on se demande bien comment d’ailleurs). Or d’acheteurs libres sur le marché du petit vrac, il n’y en a quasiment pas. Je suis bien placé pour le savoir.
Par contre, il est très étonnant de constater la méconnaissance des dispositions de la loi Hamon par l’Autorité de la Concurrence et le rapporteur du Conseil. Ces derniers auraient dû utiliser cet argument à l’encontre des moyens avancés par Primagaz. En effet lorsque Primagaz avance avec un certain culot que la captivité de la clientèle limite les capacités de réaction des concurrents, c’est vrai du fait de la durée des contrats. Mais c’est beaucoup moins vrai en 2016 (au moment où Primagaz rédige ces lignes) qu’en 2014, avant l’adoption de la loi Hamon. En effet la loi Hamon permet désormais aux consommateurs de se libérer des contrats longs en mettant fin par anticipation au contrat et ceci sans avoir à payer de pénalités (reste les frais de retrait de citerne dont le consommateur devra s’acquitter). Il suffirait donc en théorie que Primagaz et Vitogaz donnent une très large publicité sur les avantages procurés par la loi Hamon en cas de hausse tarifaire pour retirer les bénéfices d’une augmentation impromptue des tarifs par Antargaz. Enfin rien n’interdit à Primagaz et à Vitogaz, s’ils le voulaient vraiment, de faciliter la démarche de changement de fournisseur à l’attention des clients captifs de la future entité Antargaz en prenant les mesures très concrètes suivantes :
- Créer un site Internet expliquant toutes les démarches à accomplir pour changer de propanier. Le site de l’Adecopro témoigne, à travers la nature des questions posées par les lecteurs, du fait que ces derniers sont très souvent dans le brouillard pour changer de fournisseur au moment de l’achat de leur nouvelle maison ou en fin de contrat. Le CFBP qui pourrait fort bien s’atteler à cette tâche, préfère visiblement faire du lobbying plutôt que d’aider les consommateurs. On notera que l’équivalent anglais du CFBP a été forcé par l’Autorité de la Concurrence de GB de financer un site internet expliquant par le menu la procédure de changement de fournisseur. Et pourtant cette procédure est infiniment plus simple en Grande Bretagne qu’en France….C’est dire si on n’est pas aidé…
- Proposer de prendre systématiquement à leur charge les frais de retrait de citerne imposés par Antargaz aux consommateurs souhaitant quitter la nouvelle entité.
Rien de cela n’a été fait par les propaniers contestataires et vous pouvez être certain que rien ne sera fait sans une volonté ferme de la DGCCRF et de l’Autorité de la Concurrence. Ce qui prouve que Primagaz et Vitogaz ne font qu’amuser la galerie en jouant du pipeau. Le tableau de la concurrence dans le petit vrac n’est donc pas aussi glauque que le portrait qui en a été brossé par les deux comparses, même s’il n’est assurément pas très reluisant pour les consommateurs.
Les magistrats ne se sont pas laissés impressionner. Ils reconnaissent que « le degré de captivité des clients à l’égard de leur fournisseur est supérieur sur le marché du petit vrac ( à celui du moyen et gros vrac) parce qu’il s’agit non de professionnels mais de particuliers dont le pouvoir de marché est moindre ». Si mes souvenirs des cours d’économie sont bons, on entend par « pouvoir de marché » tous les moyens dont disposent les clients pour négocier un meilleur prix, voire, le cas échéant, pour changer de fournisseur. On pourrait objecter ici que si le « pouvoir de marché » des consommateurs français est aussi faible face aux propaniers, c’est avant tout, parce que la DGCCRF et l’Autorité de la Concurrence n’ont pas fait correctement leur boulot. Lequel incluait l’interdiction ou à tout le moins la réglementation les frais de retrait de citerne. On aurait donc aimé que la « distribution de baffes » du Conseil d’Etat n’esquive pas la question de la responsabilité de la DGCCRF et de l’Autorité de la Concurrence dans nos malheurs passés et présents. Mais c’était probablement trop demander à des fonctionnaires d’Etat chargés de juger les erreurs et manquements de l’Etat.
Pour finir les magistrats du Conseil d’Etat ironisent en se payant la tête des deux comparses « … il nous semble que les requérantes dramatisent le degré de captivité des clients. A les suivre, ces derniers seraient pieds et poings liés, à la merci de leur fournisseur et incapables d’en changer. Si c’était vrai, toute concurrence aurait déjà disparu de ce marché, avant même l’opération de concentration…..». D’après les magistrats, ce ne serait pas ce qui ressort des pièces du dossier. Ouais…bon… disons qu’ils ont globalement raison. Mais pour trouver de la concurrence sur le marché du petit vrac, les magistrats ont intérêt à chausser de bonnes lunettes…
Conclusion
La lecture de ce document n’est pas inintéressante pour les consommateurs qui entendent s’organiser pour ne plus se laisser marcher sur les pieds par les propaniers. Elle nous permettra de faire valoir à l’avenir la position du Conseil d’Etat. Celui-ci considère que dès lors que le prix de rachat de la citerne ou les frais d’enlèvement de la citerne est significatif dans le budget de chauffage des ménages, les propaniers disposent d’un moyen d’atténuer considérablement le niveau de concurrence en augmentant les prix de rachat et les frais d’enlèvement . La facilité de rachat des citernes et la suppression des frais de retrait ont été notre préoccupation permanente à l’ADECOPRO, depuis la création de l’Association. Le Conseil d’Etat confirme le bien-fondé et la légitimité de notre inquiétude.
Pour créer demain un véritable marché concurrentiel ( et ça urge, du fait de la TICPE qui arrive) les consommateurs doivent agir devant les tribunaux français pour faire cesser les frais de retrait abusifs. Et ils devront demain se procurer des citernes clés en main à des prix beaucoup plus raisonnables que ceux proposés par le cartel français du propane. Quitte à boycotter le principal fabricant de citerne français GLI (ce que Gaz Liberté n’a pas osé faire), et à mettre le bordel sur le marché français de la citerne comme Actigaz l’avait fait en boycottant Citergaz-GLI en allant acheter ses citernes en Espagne. Tant que nous dépendrons des distributeurs de gaz pour la fourniture et l’entretien des citernes, ils auront les moyens de contrôler ce marché.
Là est le double verrou que nous entendons faire sauter grâce aux tribunaux. Et grâce à l’Europe.
(*) N°390457 et 390774 Compagnie des Gaz de Pétrole Primagaz, Société Vitogaz France 3eme et 8eme chambres réunies. Séance du 22 Juin 2016. Lecture du 6 Juillet 2016
Un député En Marche demande au gouvernement pourquoi le dossier propane vrac n’avance plus
On se demande comment le député Loïc Kervran peut avoir le temps de siéger à l’Assemblée nationale. Dans le privé, il se présente en effet comme numéro deux de l’audit chez HSBC France. Pour ceux qui l’auraient oublié, un article de 2015 du journal Le Monde, nous remet en mémoire quel genre d’établissement bancaire est exactement HSBC :
» La femme qui tape du poing sur la table, ce jour de juillet 2013, c’est Elizabeth Warren, la nouvelle coqueluche du Parti démocrate américain. Sa cible, la banque britannique HSBC. « Combien de milliards de dollars faut-il blanchir, combien d’embargos faut-il violer pour qu’on envisage enfin de fermer une banque comme celle-ci ? », s’emporte la sénatrice du Massachusetts, scandalisée par la simple sanction de 1,9 milliard de dollars infligée à la filiale américaine de HSBC. Celle-ci vient d’être reconnue coupable de blanchiment de l’argent de la drogue des cartels mexicain et colombien et d’organisations en lien avec le terrorisme. La banque a tout avoué. Des guichets avaient été ouverts pour blanchir les valises de billets des narco-trafiquants. Puis le cash était convoyé par avions et véhicules blindés jusqu’aux Etats-Unis. Le trafic a duré sept ans, de 2003 à 2010, admis sinon couvert par les dirigeants. Comme ont été aussi tolérés les liens d’affaires avec des organisations suspectées de soutien au terrorisme, dont la banque saoudienne Al Rajhi, proche d’Al-Qaïda. L’affaire est très grave. Mais elle se solde par une amende. Une sanction vite payée, vite oubliée donc, même si elle est assortie d’une période de probation de cinq ans, jusqu’en 2018. Devant la commission sénatoriale consacrée à l’affaire, les mots d’Elizabeth Warren cinglent, laissant le représentant du Trésor américain, David Cohen, un moment sans voix.
L’affaire HSBC n’est pas seulement le symbole des dérives de la finance. Elle révèle l’impuissance des politiques face à ces mastodontes bancaires, qui se relèvent toujours indemnes des pires scandales, au nom de leur place centrale dans le financement de l’économie. Avec 270 000 salariés dans plus de 80 pays, HSBC est un poumon de l’économie mondiale. Qui oserait compromettre son avenir en la privant de sa licence bancaire ? Et pourtant… Les infractions commises par le géant bancaire en Amérique centrale et du Sud sont loin d’être des faits isolés. Du blanchiment d’argent sale aux affaires de manipulation de taux servant de référence aux activités financières (Libor, Euribor…), en passant par la vente de produits financiers toxiques, on ne compte plus les procédures judiciaires dans lesquelles le groupe est impliqué ou cité.
Et voilà que s’ouvre un nouveau front, avec cette affaire d’évasion fiscale suisse dont HSBC semble s’être rendue coupable à grande échelle, pour le compte de fraudeurs au fisc mais aussi, fait bien plus préoccupant, de groupes criminels fichés, voire déjà condamnés. Des criminels dont la banque a aidé à dissimuler l’argent dans les paradis fiscaux les plus opaques. Comment de tels individus ont-ils pu passer le filtre de l’obligation faite aux banques du monde entier de connaître leurs clients et de surveiller leurs comptes ? Comment de telles pratiques ont-elles pu exister au sein d’un groupe soumis à une double surveillance interne et externe, jusqu’alors bien réputé – en tout cas en Europe – en matière de contrôles anti-blanchiment……… ? »
J’arrête là les jérémiades du Monde. On a compris quelle genre d’organisation criminelle en col blanc se cache derrière le sigle HSBC. Vous connaissez la suite de l’histoire. Mais vous ignorez certainement cette autre « histoire dans l’histoire », que je découvre à l’instant en corrigeant mon article : une histoire totalement ahurissante, celle de la biographie du patron d’HSBC à cette époque, prêtre officiel de l’église anglicane, Lord Stephen Green devenu ministre britannique du commerce de 2011 à 2013. Il faut lire les incroyables louanges de ce prêtre – banquier d’affaire en faveur de la spéculation, pour se rendre compte du niveau d’anéantissement moral qui règne parmi les représentants de certaines églises réformées.
Pas de doute Mr Kervran, embauché par HSBC en mars 2011, c’est à dire entre la commission des affaires de blanchiment de fraudes fiscales par la filiale suisse du groupe (affaire dite « Swissleaks »), et la date de leur révélation par la presse, pourrait nous en raconter de bien bonnes sur les aspects les répugnants de ce dossier. Dommage que LUI ait décidé de se taire. En tout cas, ce député En Marche a intérêt à se lever tôt s’il entend récurer les écuries d’Augias de sa banque préférée. La tâche semble proprement herculéenne. D’autant plus que sa fiche Linkedin nous apprend qu’en tant qu’auditeur comptable passé chez Mazars ( cabinet d’audit français qui affectionne les paradis fiscaux selon cet article), il est certifié « anti blanchiment d’argent » ( Certified Anti Money Laundering Specialist) . Qu’est ce à dire ? Est-il certifié pour traquer le blanchiment dans la banque ? Ou bien est-il certifié pour empêcher la révélation de tout blanchiment par les lanceurs d’alerte ? Le doute s’installe puisqu’il est patent que lui-même n’a pas contribué à exposer cette affaire au public ! Sinon il ne travaillerait plus depuis belle lurette chez HSBC !

Salle de bal des vampires ? Kervran a déjà les crocs qui pointent tandis que Macron fait bien gaffe de les cacher
Le député Kervran (LREM), qui fêtait hier ses 34 ans ( bon anniversaire Loïc !) a été élu au raz des pâquerettes en juin 2017, avec 50,9 % des voix, contre le député sortant Yann Galut (PS) un autre spécialiste de l’évasion fiscale et du blanchiment. Mais là où Loïc Kervran incarne la loi du silence propre aux organisations criminelles et aux banques, à l’image de son mentor et ex-employé de Rothschild, un certain Macron, Galut incarne lui les tentatives plus ou moins abouties des pouvoirs publics de réguler et de contrôler ces mastodontes. Ce singulier face à face électoral dans la 3eme circonscription du Cher a notamment valu à Yann Galut l’honneur d’interroger l’ex collègue de son futur adversaire politique (!!) , l’informaticien franco-italien Hervé Falciani, ci-devant cauchemar de HSBC. Par la suite Yann Galut a joué un rôle important dans la mise en place d’un statut particulier visant à protéger les « lanceurs d’alerte», qui sera finalement adopté par l’Assemblée. Après les aveux de Jérôme Cahuzac en avril 2013, Yann Galut sera même nommé rapporteur du projet de loi relatif à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière. Cet activisme anti-fraude ne lui évitera pas de se faire battre par le « nettoyeur » d’HSBC Loïc Kervran, aux élections législatives de juin 2017.
Amusante confrontation électorale : les électeurs ont choisi d’élire un député En Marche payé pour éviter à des organisations criminelles (les banques) de se faire coincer les doigts dans le pot de confiture de l’évasion fiscale et du blanchiment; alors qu’ils auraient pu, en lieu et place, élire un homme dont le parcours politique témoigne de sa volonté de déballer la fraude au grand jour, en protégeant ceux qui ont le courage de la dénoncer. Il faut vraiment que les français soient lobotomisés par les médias à la solde des Rothschilds et autres idéologues néo-libéraux pour préférer un Kervran à un Galut ! Cet avis polémique n’engage évidement que le rédacteur de ces lignes, lui même ancien banquier repenti (eh oui, nobody is perfect).
Un bon point tout de même pour Loïc Kervran. En tant qu’élu d’une circonscription très rurale, il vient de poser la semaine dernière une excellente question au gouvernement à propos de l’absence de concurrence dans le propane vrac :
« M. Loïc Kervran interroge M. le ministre de l’économie et des finances sur la concentration du marché dans le secteur de la consommation de gaz en citerne pour les particuliers et le manque de transparence des prix du propane vendu aux particuliers. Sur ce segment de marché très sectoriel, près de 90 % de l’offre provient de cinq fournisseurs de propane. La rigidité du marché est d’autant plus grande que les contrats conclus avec les particuliers peuvent aller jusqu’à cinq ans, qu’ils sont complexes (car ils comprennent souvent un couplage plus ou moins exclusif entre différentes prestations comme l’approvisionnement en gaz, la mise à disposition ou la mise au rebut de la citerne, les travaux d’entretien, etc.) et comportent enfin des clauses de résiliation complexes, rendant souvent la rupture du contrat onéreuse. En plus de l’opacité et de la rigidité des contrats, les prix du propane sont entièrement et unilatéralement décidés par les fournisseurs : il n’existe pas de tarifs réglementés à l’instar de ce qui est fait pour le gaz naturel en réseau. Or force est de constater que le mécanisme de fixation des prix prend en compte de multiples variables mais sans jamais répercuter sur les particuliers les chutes constatées des prix du propane sur les marchés mondiaux. Aussi dans la lignée des éléments portés par la loi Hamon (limitation de la durée des contrats à cinq ans maximum, notification obligatoire des modifications apportées au contrat, indication du prix de vente de la citerne, etc.), il lui demande de lui indiquer dans quelle mesure il compte poursuivre les avancées dans ce domaine pour faire évoluer les contrats de propane en citerne dans un sens favorable aux consommateurs et instaurer plus de transparence sur les prix et les conditions des contrats. »
J’adore l’expression « prend en compte de multiples variables… » comme euphémisme pour désigner de stupides algorithmes dressés par des informaticiens pour recracher des prix à la tête des clients.
Mr Kervran demande donc pourquoi le dossier propane reste en vrac 3 ans après l’entrée en vigueur de la loi Hamon sensée résoudre tous les problèmes.
Sauf que cette question ne fera pas avancer le schmilblick d’un pouce, car la DGCCRF qui gère ce dossier pour le compte du Ministère de l’Economie, et qui sera donc chargée de rédiger la réponse à Loïc Kervran, n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit de plus que les cadeaux déjà consentis aux consommateurs en 2014 à travers la loi Hamon sinon d’imposer une meilleure comparabilité des tarifs, comme elle vient de le faire vis a vis des opérateurs de téléphonie mobile en tapant du poing sur la table. Autant dire rien. On vous rapportera quand même d’ici à quelques mois la réponse de la DGCCRF au député Kervran…. Pour rire.
Il faut bien laisser à Kervran la possibilité de faire son cinéma de jeune député pour nous faire croire qu’un sous-directeur de l’audit d’HSBC, passé par la filière « Affaires Internationales » de Sciences Po Paris et par la London School of Economics, deux fiefs de l’orthodoxie néo-libérale, s’intéresse vraiment aux factures de propane des locataires ruraux de Trifouillis les Oies.
Ceci dit le député En Marche est parfaitement dans son rôle : un gouvernement libéral se doit en principe de faire quelque chose pour favoriser la concurrence …..Sauf que tout est dans le « en principe ». Kervran est bien trop jeune pour comprendre que le libéralisme économique à la sauce française, c’est juste une idéologie qui sert à justifier les privatisations et la mise au pas des salariés et des fonctionnaires. Et que la concurrence sensée aller de pair avec libéralisme et privatisations, par contre , c’est juste bon pour les étudiants en économie et autres naïfs nés de la dernière pluie : les pouvoirs économiques sont en France beaucoup trop proches des élites politiques pour que la concurrence, qui les emmerde profondément, ait réellement voix au chapitre.
Hausse en été et chute en janvier : le cours du propane européen s’aligne sur un cours américain contracyclique
Le cours du propane sur le marché d’Europe du Nord ( CIF ARA ) a chuté en janvier, le « front month » passant de $550 à $ 500 la tonne entre le début et la fin du mois après deux mois de stabilisation en novembre et décembre 2017. Alors que le prix atteint généralement son maximum en cette période de l’année, la dégringolade a continué début février, le cours du Platts se situant à $448 le 9 février dernier.
Cette évolution à rebours de la dynamique normale des marchés du propane s’explique par des éléments conjoncturels (la faiblesse de la demande de chauffage cet hiver et particulièrement en janvier) et par des éléments plus structurels comme l’influence de la plus en plus importante des cours américains sur le cours européen du propane. L’explosion des exportations de gaz de schiste américain a redessiné la carte des échanges mondiaux du propane et du butane.
Alors que la demande de GPL en Europe a chuté de 15 % pendant les trois mois de Septembre à Novembre comparé à l’année précédente et que les stocks ont augmenté pendant la période ( ce qui favorise un relâchement des cours), le cours du propane NWE n’a pas cessé d’augmenter de Juillet à Novembre, en ligne avec l’évolution du cours américain ( voir notre précédent article ici).
Aux Etats Unis l’augmentation estivale du propane a été déterminée par des niveaux de stocks extrèmement faible sur la Gulf Coast comparé à l’année précédente, et des craintes que la production de l’été et de l’automne ne suffirait pas à satisfaire la demande du marché intérieur si l’hiver devait être rude. Les stocks américains de propane sont tombés à 38,5 millions de barils en Avril 2017, le niveau le plus faible depuis le printemps 2014, l’année de l’hiver du « vortex polaire », qui a vu les températures basses battre tous les records aux USA et au Canada. Le résultat est que les prix ont grimpé cet été aux USA en préparation de la demande de l’hiver 2017-2018 , ce qui a réduit ou refermé les possibilités d’arbitrage aussi bien avec l’Europe qu’avec l’Asie.
» Tout le monde aux USA s’est jeté sur le propane beaucoup plus tôt que d’habitude en 2017, ce qui a fait remonter les prix. Les marchés devaient augmenter leurs prix de manière à ce que le propane reste aux Etats Unis et ne soit pas expédié à l’étranger, de manière à pouvoir stocker pour l’hiver. Si les marchés domestiques n’avaient pas réagi à temps, il est possible que nous aurions été à court de propane à la fin de l’été ». Ces craintes ont été largement infondées.

Evolution du cours du propane en Europe du nord en 2017/2018
Mais la conséquence immédiate de la fermeture de l’arbitrage a été une vague d’annulations de cargos entre les Etats-Unis et l’Europe, les acheteurs préférant annuler un cargo en s’acquittant de pénalités, plutôt que de s’escrimer à revendre une cargaison en dégageant une faible marge positive, voire une marge négative.
L’impact a surtout été visible en Europe du Nord. Les seuls cargos en arrivage durant l’été ont été des cargos affrétés sur contrats à terme, ce qui a provoqué une tension sur le marché malgré une demande estivale faible.
Le cours Platts NWE a grimpé de juillet à novembre avant de se stabiliser pour l’hiver aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, témoignant de l’arrimage des cours européens sur les cours américains.
Les prix ont commencé à chuter en janvier 2018 sur les deux marchés, le front month Gulf Coast dégringolant à 82,6 cents par gallon le 26 janvier au vu d’exportations vers l’Europe plus faibles que prévues. Le propane européen front month passait lui en dessous du seuil de $500 la tonne, un cours très bas pour la saison. Le même jour, le « pro-nap » ( différentiel de cours entre le propane et le naphta, son concurrent pour la pétrochimie) atteignait son plus haut sur les 19 derniers mois, avec une discount en faveur du propane de $113.25 / tonne sur les cargaisons physiques.
En dépit de cette situation inverse du scénario standard, il est possible que nous assistions à une remontée tardive du cours du propane en février. Depuis le début du mois de février, les marchés du GPL dans le monde se sont fortement ressaisis. En partie du fait que les petchems (les acteurs de la pétrochimie) ont été encouragés par la baisse du propane à laisser tomber le naphta.
Il est possible aussi que les températures exceptionnellement plus froides en février qu’en janvier entraînent un regain de demande sur le marché du chauffage. Si cette vague de froid devait s’installer pour tout le mois de février, elle pourrait coïncider avec une série de fermetures dans les raffineries, entraînant un rush sur le propane que les vendeurs espèrent encore….
Cependant même si ce rush se concrétise, le pic hivernal 2018 du cours du propane ne sera pas comparable aux années précédentes, les cours du propane continuant d’être saturés par l’offre américaine.
Source : Platts
« LPGs flipped year of summer strength and winter weakness » ( 05/02/2018)
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