Encore un mini-scandale industriel lié à l’exploitation des gaz de schiste. C’est une procédure peu banale que vient de lancer la Commission pour la Sécurité des Produits de Consommation des Etats-Unis (CPSC ou Consumer Product Safety Commission) : il s’agit de rappeler pas moins de 200 millions de tonnes de propane ( 118 millions de gallons ) disséminés au Canada et dans les états du nord et du centre des Etats-Unis. Selon le responsable de cette méga bourde industrielle, le groupe pétrolier canadien Crescent Point Energy Corp (Alberta, Canada), ce GPL insuffisamment odorisé aurait été distribué dans 11 états américains entre Avril 2009 et Octobre 2015, dans des citernes, des bouteilles ou petits containers destinés aux marchés résidentiel et professionnel. Le fait que le gaz ne soit pas odorisé rend le produit potentiellement dangereux en cas de fuite de gaz.
A défaut d’avoir de l’odorant, la procédure lancée par le groupe pétrolier canadien, (premier foreur et premier propriétaire foncier de l’état du Saskatchewan avec 8500 sites de forages potentiels) ne manque pas de sel. La CPSC indique ainsi dans son communiqué de presse que les consommateurs ne doivent pas essayer de tester par eux-mêmes l’absence d’odeur du propane. Ca ne va pas simplifier les recherches ! Comment repérer qu’un gaz est insuffisamment odorisé sinon avec son propre nez ou avec un chien spécialement dressé « à rebours » pour repérer l’absence d’odeur de gaz (les canadiens utilisent des labradors et des malinois belges pour détecter les fuites sur les canalisations de gaz notamment lorsque des canalisations neuves échouent aux tests de mise en pression). La recommandation de la CPSC aux consommateurs suspicieux est de contacter son fournisseur, son détaillant ou encore le groupe pétrolier canadien qui a mis en place une hotline et une adresse mail spéciale. On ne trouve dans le communiqué de la CPSC aucune mention de marque de distributeurs ou de chaînes de détaillants potentiellement impliqués dans la diffusion du propane désodorisé : suivre un gaz inodore à la trace parait bien compliqué. Le fermier de Williamsburg, Kentucky, qui aurait un doute sérieux sur la qualité de son gaz, et dont l’histoire n’intéresserait pas son distributeur local, est donc prié d’en référer au siège de Crescent Point, Alberta, à 3600 km de chez lui pour faire expertiser sa bouteille de 10 kg qu’il utilise pour son barbecue…..
L’ordre de rappel prévoit que si le fabricant du propane incriminé détecte un défaut d’odorisation, il doit y remédier en remettant de l’odorant ou en remplaçant le récipient de gaz. La procédure de rappel protège l’industriel contre les recours en cas d’accidents : en effet les lois fédérales américaines interdisent aux distributeurs et détaillants de revendre les produits ayant fait l’objet d’un rappel volontaire annoncé publiquement (ou d’un rappel ordonné par la Commission). C’est donc désormais sur les épaules de milliers de distributeurs locaux américains ou canadiens touchés par cette bévue industrielle, que repose l’élimination du propane défectueux….Heureusement que le propane américain importé en Europe ne vient pas du Saskatchewan….
Dans la langue du peuple Cree, les indiens de cette région des grandes plaines du Canada, Saskatchewan signifie « rivière qui coule rapidement » . Il semblerait que ce soit aussi le cas du propane dans cette région que les pétroliers locaux écoulent un peu trop rapidement sans s’assurer au préalable du respect des normes industrielles.