Si vous avez un camion citerne de 20 tonnes qui rouille dans votre jardin, c’est le moment de monter à Anvers pour faire vos emplettes de gaz pour Noël.
La faiblesse du baril de brut, avec des cours de futures qui crèvent des valeurs plancher établies depuis des années, ne fait qu’ajouter à la déprime actuelle du propane spot sur le marché Amsterdam-Rotterdam-Anvers. La demande de propane pour cette période de l’année n’a même pas pu bénéficier de l’augmentation de la consommation liée au chauffage.
Des stocks régionaux importants, des anticipations revues à la baisse pour le début de l’hiver, et des engagements d’achat incontournables, ont contribué à affaiblir la tendance traditionnelle en cette période de l’année, qui voit d’ordinaire les propaniers retirer des quantités considérables de volumes spot depuis les terminaux de stockage ARA et les raffineries, en direction des foyers de consommation vers l’intérieur du continent.
Le dernier Heating Degree Days report ( ndlr : Degrés- jour de chauffage – voir explications dans les archives du site) de BNP Paribas, publié la semaine dernière, prévoit un écart de température de 43 % plus doux que la normale jusqu’au 28 Décembre prochain, cet écart considérable faisant suite à des températures 28 % plus douces durant la première quinzaine de Décembre !
Ce rapport, qui tombe à pic après la COP 21, montre que la saison de chauffe depuis le 1er Septembre a connu des températures en moyenne 17 % plus douces comparées à l’année précédente et à la norme des 10 années précédentes.
Les cours spot du propane sont donc entraînés vers le fond, non seulement du fait de la tendance baissière sous-jacente du brut, mais aussi par la pléthore de l’offre et l’absence de demande.
Les barges pressurisées cotées en FOB ARA ainsi que les semi-remorques et les wagons côtés en FCA, étaient à la baisse la semaine dernière (- $9 par tonne) à $364 /tonne HT (ndlr : les consommateurs français qui payent le propane à 1500 € TTC / tonne sont légitimes à considérer que le transport du gaz depuis Anvers jusqu’à leur citerne leur est facturé au prix de l’or. Je les rassure : la différence ne va ni dans la poche des chauffeurs routiers, ni même dans la poche des transporteurs ….)
« La demande est si faible » selon une source » Dès qu’il y a un peu de demande, tous les vendeurs sautent sur l’occasion avec des offres de contrat journalier. Les vendeurs lâchent en dessous des cours spot, même pour un acheteur disposant d’un ou deux semi-remorques de 20 tonnes par jour«
« Le Brent chute tous les jours mais la demande n’est pas là. Je ne vois pas comment la demande pourrait faire rebondir le marché » à court terme.
Cette absence de demande et donc de sortie de stock, commence à poser des problèmes d’engorgement dans la zone ARA, selon certaines sources, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur le cours du spot côté vendeurs.
« Il y a beaucoup de propane et actuellement il est vendu à perte s’il est vendu au prix du spot » selon une source « Avec tout ce propane, la dernière chose que vous avez envie de faire, c’est d’être obligé de vendre »
Il y a peu d’optimisme chez les vendeurs pour envisager une amélioration à court terme de la demande de propane spot, tant du fait des niveaux de stock actuels, que du niveau des prélèvements contractualisés.
Source : Platts 15 Decembre 2015 (titre original : Weak crude adds to Ara propane woes as spot demand slumps)