Aux Etats Unis 6 550 employés de l’industrie pétrochimique, principalement dans le raffinage et dans le sud des Etats Unis, sont en grève à l’appel du syndicat United Steelworkers Union ( USW) . C’est la plus grande grève dans le secteur depuis 1980. Les analystes pointent un risque d’élargissement du conflit à d’autres raffineries américaines et de prolongation de la grève. Sept propositions de résolution avancées par Shell au nom des compagnies pétrolières ont été rejetées à ce jour par le syndicat, et il y a peu de signes qu’un règlement du conflit soit proche. Ces grèves arrivent à un mauvais moment pour les compagnies pétrolières , en pleine chute du cours du pétrole, ce qui limite la marge de manœuvre des directions des groupes.
Selon Tom Conway, le vice président du syndicat, les questions d’effectifs , de fatigue des travailleurs et d’autres problèmes de sécurité importants dans des installations vieillissantes doivent être réglées avant la fin de la grève. « Si travailler dans de bonnes conditions de sécurité demande une lutte globale, qu’il en soit ainsi » a ajouté Gary Beevers, vice président de la branche internationale d’USW. Selon Shell, le contentieux principal porte sur le remplacement des sous-traitants assurant les opérations de maintenance par des employés représentés par le syndicat.
Le 21 février , l’USW a notifié Motiva Enterprises , une joint venture 50-50 entre Shell et Saudi Refining qui détient la plus grosse raffinerie des USA à Port Arthur (Texas), d’une grève de ses employés dans trois raffineries (capacité combinée 1 millions de barils par jour). Depuis cette date, le nombre d’installations concernées a grimpé à 15 ( dont 12 raffineries) représentant presque 20 % de la capacité de raffinage des Etats Unis. Des raffineries de BP dans l’Ohio et l’Indiana sont aussi concernées par ces grèves.
Le 2 Mars, Shell a annoncé qu’elle allait faire fonctionner sa deuxième plus grosse raffinerie américaine, située à Deer Park , Texas, sans l’aide des travailleurs affiliés au syndicat. Le pétrolier a annoncé en outre vouloir mettre en place un plan de secours dans son usine pétrochimique de Norco en Louisiane.
Le 3 Mars, LyondellBasell a indiqué avoir déposé plainte auprès du National Labor Relations Board contre l’USW pour pratiques de travail déloyales (unfair labor practice) , prétendant que les représentants des syndicats menaçaient les employés qui sont retournés travailler, et ont utilisé un langage incorrect dans les médias sociaux à leur encontre ( du style « You are either a card carrying member, or a company suck-ass » , phrase que tout le monde traduira aisément). Le raffineur prétend aussi qu’il dispose de témoignages de comportements menaçant aux portes de la raffinerie de Houston, au moment où les employés prennent le travail.
Le 4 Mars, à la raffinerie de Philadelphie de la compagnie aérienne Delta Airlines, la section locale de l’USW et Monroe Energy (filiale de Delta) ont indiqué avoir fait appel à un médiateur fédéral pour renouer le dialogue, afin d’éviter un risque d’élargissement du conflit dans les raffineries de la côte Est des Etats Unis. La présence d’un médiateur fédéral est très inhabituelle et indique que les parties en présence campent sur des positions très éloignées.
MISE A JOUR : le conflit s’est résolu le 12 mars par la signature d’un accord entre Shell et les syndicats