Un député PRG questionne à nouveau le gouvernement au sujet de l’absence de concurrence dans le propane vrac
Dans son ouvrage le plus connu, les «Vies parallèles des hommes illustres », le philosophe grec Plutarque présente 46 biographies d’hommes célèbres grecs et romains. L’une d’elle est consacrée à un des grands sages grecs, Solon, à l’origine d’une série de réformes qui ont accru considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne. On trouve dans la biographie de Solon le premier essai de classification ethno-politique: « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie… » écrivait Plutarque en l’an 115 après JC. Selon certains historiens, cette phrase pourrait être à l’origine du nom des «Montagnards» qui, sous la Révolution Française, désignait les amis du peuple partisans de Danton et de Robespierre.
Le fait que les deux députés ayant fait cause commune avec les consommateurs de propane soient tous deux élus de départements situés en zone montagneuse, n’a évidemment rien à voir avec ce qui précède : il n’y a jamais eu en France d’opinion politique qu’on pourrait qualifier de « montagnarde » (*) comme on parlait naguère de vote ouvrier, ou comme on parle aujourd’hui de vote rural. Si quelque chose distingue les « députés de la montagne » des autres députés, c’est avant tout leur attention et leur sensibilité aux inégalités entre les territoires et les régions, du fait des difficultés propres à la vie et à l’activité économique en zone montagneuse.
Pour autant, ce n’est nullement un hasard si les deux députés qui s’intéressent de près aux entraves à la concurrence dans le gaz en citerne sont, pour le premier, élu du Jura, et pour le second, élu des Hautes Alpes. La raison en est tout simplement que le propane est une source d’énergie beaucoup plus indispensable en montagne qu’en plaine, le fuel ne pouvant fonctionner avec des températures trop basses au risque de geler dans la cuve ou dans les tuyaux tandis que le propane « fonctionne » (c’est à dire qu’il se vaporise encore) à -40°. La proportion d’habitations rurales chauffées au propane est, de fait, bien plus importante en zone de montagne que partout ailleurs.
C’est ainsi que le député Joël Giraud (PRG, Hautes Alpes) vient de reprendre à son compte dans une question adressée au gouvernement (JO du 24 mars), la question posée dans les mêmes termes par le député Eric Alauzet ( Europe Ecologie-Les Verts, Doubs). Pourquoi un tel entêtement de la part de nos deux députés ? Pour une raison simple : le gouvernement n’a toujours pas trouvé la bonne réponse à la question posée par le député Alauzet, et publiée au JO le 23 décembre dernier. Arrivée avec un jour d’avance sur le Père Noël, il semblerait que cette question n’ait pas été considérée comme un cadeau par le Ministère de l’Industrie, provisoirement chargé de répondre au député.
La question porte sur l’impossibilité actuelle faite aux propriétaires de citerne de gaz de s’approvisionner auprès de n’importe quel fournisseur, du fait des pratiques commerciales abusives des propaniers. Ces pratiques consistent à imposer aux propriétaires de citerne de se dépouiller de leur droit à exploiter librement leur citerne. L’enjeu de la question est ni plus ni moins de savoir si le propane livré actuellement en « petit vrac » ( le segment de marché le plus rentable pour les propaniers, car le plus concerné par les pratiques anti-concurrentielles) pourrait voir ses prix de vente chuter significativement en France, à la faveur d’une mise en concurrence réelle des distributeurs, comme cela existe pour le fuel. Du fait des entraves imposées par les propaniers, les acheteurs sont contractuellement mis hors d’état de mettre en concurrence les rentiers français du GPL. Cette situation unique en Europe ne pouvant durer éternellement, la bagarre s’annonce serrée. De ce point de vue, la cession en cours de Totalgaz par Total n’augure rien de bon pour les propaniers qui s’apprêtent à perdre leur principal appui politique.
Questions : le gouvernement profitera t’il de l’occasion, et de la manne promise aux consommateurs de propane par le rétablissement d’une saine concurrence, pour modifier durablement la fiscalité du gaz propane, introduire une simili taxe carbone déguisée (en attendant la vraie), et déblayer ainsi la voie pour une future tarification progressive du propane de chauffage ? Ces tergiversations expliquent t’elles le temps pris par le gouvernement pour répondre à la question très simple de nos députés ? Question que l’on peut finalement résumer ainsi : « La loi Hamon n’ayant résolu aucun des problèmes soulevés par le rapport de l’Autorité de la Concurrence, comment le gouvernement compte t-il empêcher les propaniers de continuer à entraver le jeu normal de la concurrence ? » . De la réponse du gouvernement à cette question dépendra la riposte des associations de consommateurs. Il est vrai que l’occasion de libéraliser la distribution du propane vrac ne se présentera pas deux fois. Pour le moment, et malgré la loi Hamon, les consommateurs, qu’ils soient ou non propriétaire de leur citerne de gaz, sont en droit de penser qu’on est très loin du compte.
(*) on laissera de côté le cas des Cévennes qui comptèrent jusqu’à 95 % de protestants au moment de la proclamation de l’Edit de Nantes.
Raréfaction temporaire de propane : les prix en Europe devraient se maintenir à leur niveau actuel pendant quelques semaines
Les disponibilités réduites de propane spot en Europe sont susceptibles de se prolonger en April et devraient entrainer un maintien des cours au niveau actuel, selon certaines sources. Les prévisions du volume d’exportation en provenance de la Gulf Coast (Texas) continuent de baisser, alors que la demande dans les terminaux régionaux augmente à mesure que la production de Mer du Nord diminue.
Les demandes non satisfaites de la pétrochimie et des distributeurs de propane poussent vers le haut le cours du propane à terme et la situation devrait rester serrée jusqu’en Avril.
La forte demande hivernale de propane de chauffage en Asie a assuré aux exportateurs américains un meilleur profit en re-routant les cargos supplémentaires vers l’extrême orient. En conséquence peu de cargos ont été expédiés en Europe où la demande était morne. Les offres des acheteurs européens ont fait l’objet de surenchères.
Du fait des volumes supplémentaires destinés à l’Asie, les capacités de transport maritimes se retrouvent coincées dans le Pacifique, et ces contraintes logistiques ont quelque peu aggravé la pression en Europe. « Les cargos américains vont vers l’Asie… du fait du manque de navires, certains traders européens ont dû annuler leur cargo en avril, donc il y a moins de propane à venir, ce qui laisse l’Europe du nord à découvert » selon une source. « Je ne vois aucune cargaison en direction du marché Europe du nord avant un bout de temps » « La seule option pour le moment est de reporter, annuler ou vendre les cargos jusqu’à ce que le problème soit résolu » selon certaines sources . Selon d’autres « Il va bien falloir mettre plus de VLGC en Europe, si on veut exécuter les contrats à terme à partir de la Gulf Coast ».
Le seul navire propanier qui chemine actuellement en direction de l’Europe en provenance du Gulf Coast est le Kodaijisan qui emmene 58 591 tonnes. Il a chargé au terminal Targa et il déchargera à Flushing (ndlr : en néerlandais Vlissingen, port de la Zélande).
La demande continentale a été relativement stable ces dernières semaines, et a été marquée principalement par l’absence des raffineries allemandes de Miro et Ingolstadt, actuellement toutes deux en maintenance.
L’absence d’offres spot émanant des raffineries de la zone ARA, a fait des terminaux maritimes VOPAK et AGT les points de chargement principaux des dernières semaines. En conséquence le prix du propane a augmenté, reflétant le nombre limité d’options dont disposent actuellement les acheteurs.
Le propane ARA base FCA (franco transporteur) s’établissait à $565 /tonne le 5 mars 2015, soit une augmentation de $145/tonne par rapport à son niveau un mois auparavant. Le prix du propane dans les terminaux maritimes est plus cher que dans les raffineries du fait des coûts de transbordement et d’autres coûts.
« Dès que l’offre sera de retour en Europe, les prix devraient chuter » selon une source.
Cependant d’autres sources pensent que le manque temporaire de propane américain et la nécessité d’augmenter le niveau des stocks dans les terminaux pourraient soutenir les prix plus longtemps encore.
Avec la baisse de la demande continentale qui a déjà commencé, si les raffineries ARA peuvent à nouveau fournir dans les prochaines semaines, cela pourrait soulager le problème de raréfaction actuel du propane et emmener une détente des prix.
Source : Platts 6 mars 2015
Bras de fer syndicats-pétroliers aux USA : la plus grande grève du secteur depuis 35 ans bloque 20 % du raffinage depuis plus d’un mois
Aux Etats Unis 6 550 employés de l’industrie pétrochimique, principalement dans le raffinage et dans le sud des Etats Unis, sont en grève à l’appel du syndicat United Steelworkers Union ( USW) . C’est la plus grande grève dans le secteur depuis 1980. Les analystes pointent un risque d’élargissement du conflit à d’autres raffineries américaines et de prolongation de la grève. Sept propositions de résolution avancées par Shell au nom des compagnies pétrolières ont été rejetées à ce jour par le syndicat, et il y a peu de signes qu’un règlement du conflit soit proche. Ces grèves arrivent à un mauvais moment pour les compagnies pétrolières , en pleine chute du cours du pétrole, ce qui limite la marge de manœuvre des directions des groupes.
Selon Tom Conway, le vice président du syndicat, les questions d’effectifs , de fatigue des travailleurs et d’autres problèmes de sécurité importants dans des installations vieillissantes doivent être réglées avant la fin de la grève. « Si travailler dans de bonnes conditions de sécurité demande une lutte globale, qu’il en soit ainsi » a ajouté Gary Beevers, vice président de la branche internationale d’USW. Selon Shell, le contentieux principal porte sur le remplacement des sous-traitants assurant les opérations de maintenance par des employés représentés par le syndicat.
Le 21 février , l’USW a notifié Motiva Enterprises , une joint venture 50-50 entre Shell et Saudi Refining qui détient la plus grosse raffinerie des USA à Port Arthur (Texas), d’une grève de ses employés dans trois raffineries (capacité combinée 1 millions de barils par jour). Depuis cette date, le nombre d’installations concernées a grimpé à 15 ( dont 12 raffineries) représentant presque 20 % de la capacité de raffinage des Etats Unis. Des raffineries de BP dans l’Ohio et l’Indiana sont aussi concernées par ces grèves.
Le 2 Mars, Shell a annoncé qu’elle allait faire fonctionner sa deuxième plus grosse raffinerie américaine, située à Deer Park , Texas, sans l’aide des travailleurs affiliés au syndicat. Le pétrolier a annoncé en outre vouloir mettre en place un plan de secours dans son usine pétrochimique de Norco en Louisiane.
Le 3 Mars, LyondellBasell a indiqué avoir déposé plainte auprès du National Labor Relations Board contre l’USW pour pratiques de travail déloyales (unfair labor practice) , prétendant que les représentants des syndicats menaçaient les employés qui sont retournés travailler, et ont utilisé un langage incorrect dans les médias sociaux à leur encontre ( du style « You are either a card carrying member, or a company suck-ass » , phrase que tout le monde traduira aisément). Le raffineur prétend aussi qu’il dispose de témoignages de comportements menaçant aux portes de la raffinerie de Houston, au moment où les employés prennent le travail.
Le 4 Mars, à la raffinerie de Philadelphie de la compagnie aérienne Delta Airlines, la section locale de l’USW et Monroe Energy (filiale de Delta) ont indiqué avoir fait appel à un médiateur fédéral pour renouer le dialogue, afin d’éviter un risque d’élargissement du conflit dans les raffineries de la côte Est des Etats Unis. La présence d’un médiateur fédéral est très inhabituelle et indique que les parties en présence campent sur des positions très éloignées.
MISE A JOUR : le conflit s’est résolu le 12 mars par la signature d’un accord entre Shell et les syndicats