La Boissière Ecole (Yvelines) le 10 Janvier 2015.
Le prix du propane a chuté de 60 % en 3 mois sur le marché de gros à Anvers (marché ARA). Et vous, agriculteurs, aviculteurs, ou distillateurs français, de combien a chuté le prix de VOTRE propane depuis le mois d’Octobre 2014 ? Il n’a pas encore baissé ? Comme c’est étrange ! Plutôt que de vous plaindre aux propaniers en ordre dispersé, pourquoi ne demandez-vous pas à votre syndicat professionnel de porter l’affaire devant l’Autorité de la Concurrence pour « entente visant à annuler l’effet de la baisse des cours », comme me le murmure à l’oreille un certain vent d’ouest ? Allez- vous continuer à vous faire plumer longtemps par des gaziers dont la plus-value industrielle est totalement nulle puisqu’ils achètent et revendent exactement le même produit qu’ils trimbalent de (grosses) citernes en ( petites) citernes ? N’avez vous jamais pensé que vous n’avez pas besoin d’eux pour faire la même chose à leur place ? Petit rappel : aucun propanier ne produit quoi que ce soit, sauf une multitude de contrats inutiles qui ne servent qu’à vous ligoter, et à leur éviter les affres de la concurrence. Leur rôle se résume à « déplacer du gaz » d’un point de stockage à un autre, qui plus est avec des camions qui ne leur appartiennent pas. Déplacer du gaz, autrement dit, brasser de l’air. Que de petits consommateurs maintenus dans l’isolement et la désinformation aient recours à ces entreprises pour se procurer du GPL, cela se conçoit, à la rigueur. Mais que vous, agriculteurs, qui consommez des quantités importantes au sein de groupements professionnels, ayez encore besoin d’ intermédiaires grassement rémunérés pour déplacer du gaz à la demande, dénote une absence totale de réflexion sur le sujet.
En France, AUCUNE coopérative agricole d’achat de carburant ou combustible ne distribue du propane à ses adhérents ( vous conviendrez que la démarche consistant à négocier un prix collectif au nom d’un groupement de producteurs ou d’une coopérative n’a rien à voir avec le fait de s’approvisionner directement sur le marché de gros tel un petit propanier indépendant ). A l’inverse, TOUTES les coopératives agricoles américaines et canadiennes qui organisent la vente de carburants et combustibles distribuent du propane à leurs adhérents. Toutes. Vous pensez qu’il y a de bonnes raisons à cela ? Des raisons propres au fonctionnement du marché européen du gaz ? Vous avez tort. Une spécificité du gaz européen qui le rendrait plus explosif que le gaz américain ? Sa dangerosité ? Le propane serait plus dangereux entre les mains des employés des coopératives françaises qu’entre les mains de leur alter-ego québécois ? Savez-vous que le mouvement coopératif agricole nord-américain a tellement bien compris la nécessité d’organiser lui-même son approvisionnement en carburant et combustible qu’il dispose désormais de sa propre centrale d’achat (inter-étatique) en carburant, laquelle affilie les coopératives locales souhaitant distribuer du diesel ou du propane à leurs adhérents , tout en assurant les prestations induites, de la fourniture du gaz à la vente de citernes et au transfert de compétences techniques ?
Un administratif ou un technicien multitâche ayant des connaissances en réglementation et surveillance des réservoirs, et un chauffeur dédié à la livraison du propane : deux personnes suffisent en tout et pour tout à une coopérative ou n’importe quel groupement agricole pour créer une activité de distribution de propane ( voir ici offre d’emploi de chauffeur livreur de propane diffusée par une coopérative américaine . Désolé le poste a été pourvu depuis…. ) . C’est aussi simple que cela. Le propane est un produit affreusement banal. Ce sont les propaniers français qui sèment la terreur dans les esprits, en vous empêchant de réfléchir sereinement à l’intérêt que vous auriez à vous passer de leurs services. Des centaines de millions d’euros d’économie en perspective si vous reprenez la main sur votre approvisionnement en propane. Le gros jack pot en perspective pour les agriculteurs et les campagnes françaises ! Sans compter le bénéfice pour la communauté rurale environnante qui n’aurait plus à se farcir ces fournisseurs particulièrement indélicats….
Les propaniers exerçant en France ne sont plus sous capitaux français, à part Vitogaz. Totalgaz va être vendu à l’américain Antargaz. Butagaz est une filiale de l’anglo-néerlandais Shell et Primagaz filiale du néerlandais SHV. La fusion entre les deux géants du GPL français favorise l’apparition et la croissance de distributeurs alternatifs ou indépendants, en poussant vers eux une portion de leur clientèle échaudée par des pratiques abusives, et consciente du nouveau pouvoir de l’Internet. Il est grand temps pour le mouvement coopératif agricole de prendre la question du propane à bras le corps et de sortir les calculettes : votre intérêt est de contrôler votre approvisionnement en propane le plus en amont possible et non de continuer à vous reposer sur des propaniers beaucoup trop profitables pour être honnêtes. La FNSEA s’arrange visiblement fort bien de l’incroyable opacité des prix du propane en France, mais il n’est pas certain que cette opacité soit la manière la plus efficace de défendre les intérêts économiques des agriculteurs. La transparence du marché, imposée par de nouveaux acteurs indépendants, représente une garantie bien plus solide pour les acheteurs. Quant aux coopératives agricoles françaises, peu habituées à faire des vagues, il semble bien qu’elles aient 40 ANS de retard sur leurs homologues du Québec pour ce qui concerne la distribution de propane à leurs adhérents. Où sont donc les agriculteurs combatifs et organisés capables de comprendre que leurs intérêts économiques ne peuvent pas épouser ceux des multinationales du gaz en citerne ?
La solution de l’indépendance en matière d’approvisionnement en propane n’a que des avantages et aucun inconvénient :
– investissement minime (comparé à d’autres projets utiles visant les économies d’énergie, comme la rénovation des bâtiments d’élevage, l’exploitation de sources d’énergie alternative ou l’installation de récupérateurs de chaleur ….tous projets très onéreux et nécessitant des études préalables détaillées )
– baisse des charges de propane importante dès la première année.
– fin des discussions oiseuses sur les tarifs de campagne des propaniers.
– redevenir maître de son approvisionnement, organiser les tournées en fonction des seuls intérêts des agriculteurs
– certitude d’une plus grande proximité et convivialité avec les populations rurales locales qui bénéficient d’une démarche exemplaire d’autonomie énergétique retrouvée.
Alors, à quelle coopérative agricole FRANCAISE peuplée d’irréductibles gaulois reviendra l’honneur de créer le premier service d’achat et de distribution de propane, pour se libérer de la tutelle des propaniers ?