Pour commencer, quelques définitions concernant le vol.
On connait le vol « à la tire » consistant à subtiliser un objet à l’insu de son propriétaire. Cette forme de vol est plus connue sous le terme anglais de « pickpocket ». Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le vol à la « tire » n’a rien à voir avec le vol de voiture. Mais rien n’interdit par contre de se faire tirer sa tire.
Le vol à l’arrachée consiste à arracher un bien accroché au bras, à la main ou au doigt de son propriétaire. Au Brésil, et jusque dans les rues des grandes villes, si le propriétaire refuse de donner le bien convoité sous la menace d’une machette, il arrive que le voleur tranche le litige à la machette et qu’il reparte avec le doigt, la main ou le morceau de bras avec la bague ou le bracelet. C’est une manière de faire un doigt ou un bras d’honneur. Plutôt que de « vol à l’arrachée », il serait plus correct dans ce cas de parler de « vol à la découpe ».
Le vol à la roulotte, expression qui fleure bon le temps jadis, consiste à voler l’intérieur ou le contenu d’une voiture ou d’une roulotte. Un vol à la roulotte est généralement commis en l’absence du propriétaire du véhicule ou de la roulotte. Mais il peut être aussi commis en sa présence, notamment si ce dernier est en état d’ébriété. Lorsque le chauffeur roule en marche avant en état d’ébriété, on parle d’ ébriété avancée. Mais si la voiture se met à reculer tandis que le chauffeur ivre est persuadé d’aller de l’avant, on parle alors de sacré biture.
Voir le voleur se tirer avec votre tire dont il vous aura préalablement extrait ou tiré en dehors, n’est bizarrement pas un « vol à la tire ». C’est un « vol à la portière » ou « car-jacking » chez nos amis anglais. Drôle d’expression : il est rare de voir un voleur de voiture se contenter de voler une simple portière. On lit ça et là dans la presse qu’il s’agirait d’une nouvelle technique de vol. C’est faux : j’ai déjà vu dans les westerns des indiens détourner des diligences en sautant sur le banc à côté du cocher , avant de faire basculer le pauvre malheureux dans le vide. Ce qui tend à prouver que le « coach jacking » a existé bien avant le « car jacking ».
Pour des raisons de rapidité d’exécution, le « voleur à la portière » choisit généralement des véhicules avec peu d’occupants à l’intérieur, afin de ne pas perdre du temps à en extraire tous les occupants un à un. C’est pourquoi on n’a pas encore vu de vol d’autocar « à la portière ». Sauf peut-être dans Matrix. Il arrive toutefois qu’en croyant monter dans un véhicule vidé de tous ses occupants , le voleur tombe nez à nez avec un doberman caché au pied des places arrières. La sagesse commande alors d’emmener le doberman avec la voiture volée, et non de tenter d’en extraire le doberman.
Le vol à la sauvette, quand à lui, désigne une technique mise au point lors des Jeux Olympiques d’Athènes (avant Jésus Christ), consistant à prendre la poudre d’escampette aussitôt après avoir commis un vol à la tire, ou bien un vol à la roulotte-chariot, ou un vol à l’arrachée. L’avantage du vol à la portière sur tous les autres types de vol, est que le voleur n’a pas besoin de savoir courir. Du train où vont les choses, il est même fort possible qu’on assiste un jour à un vol à la portière commis par un voleur « à mobilité réduite ». Une fois le chauffeur extrait du véhicule, il suffira au voleur de mettre les gaz, quitte à abandonner sur place son fauteuil roulant. La plupart du temps il y gagnera au change : peu de chance que son fauteuil roulant vaille plus qu’une voiture…sauf si le fauteuil a participé aux JO paralympiques. Si, en prenant la place du conducteur, le voleur handicapé se retrouve nez à nez avec le doberman assis sur le siège passager, il vaut mieux qu’il se rappelle l’art et la manière de prendre ses jambes, ou ses bras, à son cou.
« Mais je ne vois pas du tout le rapport avec le titre de l’article ? » me direz-vous.
Il me faut maintenant vous expliquer ce qu’est le vol à la soutire car je suis certain que vous n’avez jamais entendu parler de ce type de larcin. Et pourtant il existe vraiment.
Le vol à la soutire consiste à ouvrir une vanne de gazoduc ou à percer un trou dans un oléoduc, et à se raccorder dessus pour soutirer le contenu du pipeline. La police ukrainienne fait parait-il la traque à ces tirages intempestifs sur les pipelines de GAZPROM qui traversent l’Ukraine de long en large. Mais les voleurs de pétrole arrivent toujours à trouver une section de pipeline qui est moins bien gardée. La technique est la suivante (je suis sûr qu’il existe une vidéo sur Youtube qui explique comment on fait, mais comme je ne parle pas ukrainien, vous allez devoir la chercher vous même) : on perce un trou à la perceuse sur presque toute l’épaisseur, sans traverser, afin d’éviter que les vapeurs de pétrole entrent en contact avec le moteur électrique de la perceuse. Puis on prend un maillet en caoutchouc pour finir le trou sans faire d’étincelle. On insert une valve dans le trou et on relie la valve à un camion citerne par un tuyau. Le tout prend, parait-il, 20 minutes montre en main.
Aux USA les voleurs de pipelines sont très rares car la plupart des équipements de ce type sont enterrés à deux mètres de profondeur. Les opérations de maintenance et d’inspection sont alors faits avec des robots qu’on appelle « pigs » qui se déplacent tous seuls dans les canalisations. Dans les années 1980, une bande de voleurs dotés de moyens sophistiqués avait réussi à puiser dans un pipeline enterré en Californie. Ils louèrent des camions citernes et branchèrent leurs propres équipements sur les canalisations existantes. En trois ans, ils réussirent à faire disparaître 10 millions de gallons de pétrole brut au nez et à la barbe de l’exploitant, jusqu’à ce que ce dernier finisse par déceler des baisses de pression régulières et répétées dans les canalisations ( les capteurs de pipelines détectent mal les petites baisses ou les irrégularités dans le flux de pétrole).
En Chine, de pauvres fermiers volent du gaz naturel qu’ils soutirent directement aux vannes des gazoducs à l’aide d’immenses baudruches en plastique. Remplir une de ces baudruches leur prend une heure et assure la quantité de gaz nécessaire pour le chauffage et la cuisson de toute la famille pendant une semaine. Dès qu’un paysan a terminé de remplir sa baudruche , un autre prend sa place sur la vanne du gazoduc. La deuxième photo en bas de cette page a été publiée sur le site du National Geographic avec la légende suivants : « S’échappant en vélo de la scène du crime, un garçon chinois tracte un sac en plastique rempli de gaz naturel volé. Faisant fi de l’interdiction du gouvernement, les agriculteurs autour de la ville chinoise de Pucheng chipent du gaz du champ de pétrole local ».
Le comble pour un voleur de gaz consiste bel et bien à prendre la « fuite »….
Vous pouvez voir d’autres photos de ces scènes totalement surréalistes regroupées par l’agence SINOPIX sur une page de leur site à cette adresse: http://sinopix.photoshelter.com/gallery/Energy-Theft-in-China/G0000UTfKl19aEIE/
JOYEUX NOEL A TOUS !